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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0069

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LA RELIOION.

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tandis que d'autres ne nous sont arrivées que dans une transcription
grecque, Baal-Lebanon, Baal-Hermon, Zeus CasiosK C'était dans
le même esprit que l'on offrait aussi des prières et des sacrifices aux
rochers, aux grottes, aux sources et aux rivières; la caverne qui s'ouvre
au fond du cirque à'Afka et d'où jaillit le Nahr Ibrahim fut, pendant
des milliers d'années, un des lieux les plus saints de la Syrie. Le
temple de l'Astarté, devenu l'Aphrodite d'Aphaca, fut renversé par
Constantin, mais réussit encore à se relever après lui; le culte qui
s'y célébrait remontait sans aucun doute aux débuts même de l'occu-
pation phénicienne. Le sentiment religieux n'avait pu manquer de
s'éveiller en face de ce site, un des plus étranges et des plus beaux
qui soient au monde 2 (fîg. 18). Certains arbres étaient l'objet de
semblables hommages; sous le Zeus Démarous de Philon de Byblos
on devine l'expression phénicienne dont nous avons là une forme
hellénisée, Baal-Thamar, « le Seigneur palmier3».

C'est là qu'il faut chercher l'origine du culte des bétyles, qui se
rencontre partout où s'est fait sentir l'influence de la Phénicie. Le mot
que nous employons ici nous vient des Grecs; mais eux-mêmes l'avaient
tiré, en l'altérant à peine, du terme sémitique Beth-El, qui veut dire
« maison de dieu 4 ». C'était un terme générique qui servait à désigner
toutes les pierres sacrées, c'est-à-dire toutes les pierres qui étaient
considérées comme imprégnées et animées d'une vertu spéciale ou,
pour prendre la naïve métaphore populaire, comme la résidence d'un
dieu. Rien n'était plus variable que la forme de ces pierres et que la
mesure des respects religieux qui les entouraient. En général, elles
étaient coniques ou ovoïdes; quelquefois elles avaient la forme de
pyramides; dans certains sanctuaires, c'étaient des cippes équarris, à
faces planes. Certaines de ces pierres étaient, assurait-on, des aéro-
lithes, ce qui ajoutait encore à leur crédit.

1. Le Baal-Lebanon est mentionné dans la plus ancienne des inscriptions phéniciennes
que nous possédions, dans la dédicace gravée sur une coupe de bronze dont les fragments
sont aujourd'hui à la Bibliothèque nationale. G. I. Semit. Pars I, n° "6.

2. Renan, Mission, p. 296-301. La figure 18, comme les figures 1 et 17, est empruntée
au bel ouvrage de M. Lortet, la Syrie d'aujourd'hui (Hachette, 1884).

3. Berger, la Phénicie, p. 23. Philon de Byblos, Fragm. 1,16-22. L'explication que donne
M. Berger du Zsô; âr^âpou; de Philon est une conjecture ingénieuse et vraisemblable;
mais le groupe Baal-Thamar n'a point encore été retrouvé dans un texte phénicien.

4. Cette étj-mologie a été contestée par M. Halévy [Revue de l'histoire des religions,
t. IV, pp. 392-3); mais celle qu'il a proposée n'a pas été généralement acceptée. Voir
aussi une dissertation de M. Fr. Lenormant, intitulée : les Bétyles (Revue de l'histoire des
religions, t. 111, pp. 31-53), ainsi que le mémoire de M. Heuzey sur /'/ pierre sacrée
d'Antipolis {Mémoires de la Société des antiquaires de France, 1874).
 
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