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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0071

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LA RELIGION. 61

11 y eut là un retour de la vieillesse vers les impressions et les
goûts de l'enfance; comme l'individu, les sociétés, elles aussi, ont
souvent de ces reprises et de ces recommencements. Dans les siècles
où nous transportent les plus anciens monuments connus de l'écriture
et de la plastique phéniciennes, les Phéniciens n'en sont déjà plus à
n'adorer que les montagnes, les arbres et les pierres levées. Vers la
fin de la période sidonienne, quand les navires de Tyr et de Sidon
sillonnaient en tous sens la Méditerranée, déjà les croyances et les
cultes de la Phénicie, à les prendre dans leur ensemble, représentaient
un état de la pensée religieuse qui n'était plus tout à fait celui que
nous avons eu l'occasion d'étudier en Égypte. Point d'animaux sacrés;
le culte des morts ne paraît pas non plus tenir en Phénicie, dans les
préoccupations des vivants, une aussi grande place qu'en Egypte. Ce
qui domine, c'est l'adoration des astres, c'est celle des grandes forces
de la nature, dont chacune est conçue par l'esprit comme la manifes-
tation des énergies et des volontés d'un être puissant et mystérieux,
d'un dieu qui produit et gouverne souverainement tout un ordre de
phénomènes. C'est un polythéisme qui semble plus abstrait et plus
avancé que celui même cle la Ghaldée, plus éloigné de la phase à
laquelle nous avons donné le nom de polydémonisme; ici les person-
nages divins sont moins nombreux; ils ont une existence plus concrète.
Déjà peut-être, au-dessus de cette conception des dieux distincts et
multiples, commence à s'ébaucher confusément celle d'un dieu su-
prême, à la fois présent et caché derrière les dieux secondaires, qui
ne sont que les modes divers de sa substance et comme les aspects
différents sous lesquels se présente la haute et inépuisable fécondité
cle sa vie.

Ce dieu suprême, on a voulu le reconnaître dans le Baal-Samaim ou
« Baal des cieux », auquel est dédiée la grande inscription <YOwn-el-
Aoaamid1 ; mais si on le retrouve ailleurs, par exemple dans une
inscription de l'île de Sardaigne, c'est déjà avec une ôpithète géogra-
phique qui lui ôte quelque chose de son caractère général et supérieur2.
Tout près de la Phénicie, chez les Juifs, cette tendance au monothéisme
alla toujours s'accusant de plus en plus, et, grâce à la prédication des
prophètes, elle finit, vers le temps des triomphes de l'Assyrie, par
atteindre son terme logique. Les Phéniciens et les Juifs, surtout ceux
du royaume d'Israël, vivaient côte à côte et en étroites relations; ils

1. Berger, la Phénicie, p. 19. C. I. Scmit. Pai's I, n° 7.

2. Là, c'est « le Baal Samaïm de l'île des Éperviers ». C. I. Semit. Pars l, n°d39.

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