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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0079

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LA RELIGION. 69

Comme la nature même dont se résumaient et se personnifiaient
sous ce nom toutes les énergies, Astarté, vraie souveraine du monde,
dans son activité sans repos, ne cessait de détruire et de créer, de
créer et de détruire. Par la guerre et par les fléaux de tout genre,
elle éliminait les êtres inutiles et vieillis, ceux qui avaient joué leur
rôle et achevé leur œuvre; en même temps, par l'amour et la généra-
tion, elle présidait au perpétuel renouvellement de la vie *, Travailler,
sous ses auspices, à entretenir la flamme de l'éternel désir, qui perpé-
tue la durée de l'espèce, c'était lui rendre hommage et faire un acte
méritoire; ainsi s'établit le rite des prostitutions sacrées et l'usage
d'attacher aux temples d'Astarté ces bandes d'hiérodules qui, sous
d'autres noms, continuèrent en Grèce, à Corinthe, par exemple, la tra-
dition des sanctuaires phéniciens. Cypre, Cythère, Éryx en Sicile,
avaient reçu des Sidoniens la religion de la déesse-nature syro-phéni-
cienne2; celle-ci, devenue grecque sous le nom d'Aphrodite, gardera
chez les poètes classiques les surnoms de Cypris, de Cythérée, d'Ery-
cina, qui sont comme autant de certificats d'origine 3. La colombe,
le plus prolifique de tous les oiseaux, était la victime que l'on sacri-
fiait de préférence à Astarté ; plus tard Aphrodite prendra plaisir à
recevoir cette même offrande. On a trouvé en Phénicie, à Cypre, en
Sardaigne, des figurines de terre cuite qui représentent soit la déesse
elle-même, soit une de ses prêtresses; d'une main elles tiennent et

1. Ce double caractère de la grande déesse des religions orientales est bien défini
dans ces quelques vers que Plaute met dans la boucbe d'une Atbénienne :

Diva Astarté, hominum deorumque vis, vita, salus : rursus eadem quœ est
Pernicies, mors, iuteritus. Mare, tellus, cœlum, sidera
Jovis quaicuuque templa colimus, ejus ducuntuf nvitu, illi obtempérant
Eam spectant....

(Mercator, IV, se. VI, v. 825).

L'original de la pièce était de Pbilémon; vers la fin du ive siècle, on connaissait bien
à Athènes ces religions orientales; les Phéniciens avaient au Pirée leurs temples de
Melqart et d'Astarté.

2. En Sicile, au premier siècle avant notre ère, le temple de la Vénus d'Éryx avait
encore de vastes domaines et des troupes d'esclaves des deux sexes qui, après avoir
servi la déesse, devenaient ses affranchis et restaient placés sous sa protection; ils for-
maient une classe, qui avait des droits particuliers, droits que respectaient les gou-
verneurs romains; on les appelait, en latin, vencrii. Cicérox, in Q. Cseciliurn divinatio,
§ 55-56; Vro Cluentio, § 43. Une inscription phénicienne d'Eryx relatait probablement
une offrande ou une donation faite à cette divinité; mais la pierre est perdue et il est
impossible de rétablir le texte d'après la mauvaise copie qui est seule à le représenter
(Corpus insc. semit. Pars I, n° 135).

3. Les anciens avaient le sentiment très net de cette identité d'Astarté et d'Aphrodite;
il nous suffira de citer le témoignage de Philon de Byblos : Tf,v A<rripTY]v 4>ot'vi-/.eç Trjv '\opo-
ôfTïiv slvat Xéyouai (Fragm. hist. grœc. ed. C. Muller t. III, p. 569). Voyez aussi Movers, Die
Phœnizicr, I, p. 606, qui cite un grand nombre de passages analogues.
 
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