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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0084

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LA PHÉNIGIE Eï SES DÉPENDANCES.

comme héros voyageur et vainqueur de la Barbarie, avait aussi son
temple auprès du port, comme dans toutes les colonies phéniciennes1.

Outre ces grandes divinités, les Carthaginois en adoraient de moins
célèbres, dont nous ne savons guère que les noms, Sakôn, Ans, Tsa-
phôn, et, parmi les déesses. Astoret, Illat, d'autres encore, qui ne sont
parfois désignées, dans les textes, que par des périphrases telles que
« la grande mère » et « la maîtresse du sanctuaire ». Au cours des
deux siècles qui précédèrent la chute de Carlhage, la religion de cette
cité s'imprégna profondément d'éléments helléniques2; mais ce qui
persista jusqu'à la fin. ce furent certains rites, dont le caractère cruel
témoigne de la dureté du génie phénicien. Ici, comme chez les autres
peuples de l'antiquité, le sacrifice était par excellence l'acte religieux,
celui qui mettait l'homme en communication avec les dieux et qui les
contraignait à payer de retour leurs adorateurs. On comprend qu'à
l'origine, chez les peuples sauvages, on ait cru ne pas pouvoir mieux
honorer des dieux farouches qu'en leur offrant des victimes humaines;
mais partout, à mesure qu'un commencement de civilisation adoucissait
les mœurs, ou vit s'introduire l'idée de la substitution. Il y avait plu-
sieurs manières d'offrir et de faire accepter aux dieux un équivalent.
« Tantôt on substituait à celui que l'on voulait épargner, ou l'on se
substituait à soi-même un animal domestique, un bélier, un bœuf, un
oiseau ou un cerf; tantôt on substituait à cet être vivant une pierre,
qui devenait comme la représentation d'un sacrifice fictif et que l'on
érigeait en l'honneur de la divinité3 ».

En Egypte et en Ghaldée, nous n'avons déjà plus trouvé trace de
sacrifices humains; chez les Grecs, l'usage s'en perdit aussi de bonne
heure. Chez les Phéniciens, et particulièrement chez les Phéniciens
d'Afrique, ces holocaustes persistèrent tant que furent adorés les dieux
en l'honneur desquels ils avaient été institués; on les y célébrait encore
quand ce rite affreux n'inspirait plus que de l'horreur au reste du monde
civilisé 4. C'est qu'une longue tradition avait accoutumé et attaché les
Phéniciens à cette pratique. La forme la plus fréquente de ce mode

\. Berger, la Phénicie, p. [22. Fr. Lenormant, Manuel d'histoire ancienne, t. III, p. 227.

2. Diodore, XIVjIxxvii, £>.

3. Pu. Berger, la Phénicie, p. 2G.

4. Philon attestait que c'était bien là un rite propre à toute la race phénicienne (Fragm.
hist. grseCn t. III, p. o70); mais il semble que, sous l'action des idées grecques, la Syrie y
ait renoncé d'assez bonne heure; nous ne voyons pas qu'on y ait recouru pendant ce
tragique siège de Tyr par Alexandre, qui avait dù surexciter au plus haut degré le senti-
ment national.
 
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