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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0086

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LA PHENICIE ET SES DEPENDANCES.

le plaisir avec emportement; puis, assouvies et reposées, elles se
redonnaient tout entières au souci des affaires. Alors, si leurs entre-
prises menaçaient de tourner mal, si la tempête menaçait leur navire
ou que les armées puniques fussent battues, c'était, pour tâcher de
reconquérir la faveur des dieux, des vœux impies que l'on acquittait
trop fidèlement. Ce peuple de marchands, dur à ses débiteurs, se
représentait ses dieux comme des créanciers exigeants et impitoya-
bles ; de là ces terreurs qui lui faisaient sacrifier, dans leur première
fleur, tant déjeunes et innocentes vies.

Sous l'empire de sentiments qui s'expliquent par les habitudes
nationales, Tyriens et Carthaginois ont donc donné à leur culte un
caractère très particulier ; mais ils n'avaient pas créé les dieux qu'ils
adoraient, et quand ils voulurent leur prêter une forme, ils ne surent
rien inventer. La substance et les noms mêmes de leurs dieux, les
Phéniciens les ont tirés du dehors, surtout de la Chaldée. Baal est
bien près de Bel, et Tammouz du Dommoùzi des textes assyriens 1 ;
Astarté et Tanit ne diffèrent pas sensiblement d'Istar et d'Anahit;
Baal-Hammon n'est pas autre chose que le grand dieu libyen, le dieu
suprême de l'Egypte2.

Ces dieux dont la plupart avaient été apportés de la Mésopotamie,
les Phéniciens les ont habillés à l'égyptienne. La Phénicie est née à
la civilisation pendant les siècles où elle était censée dépendre de
l'empire des pharaons thébains ; elle a pris à ses maîtres les images
et les attributs de leurs divinités. Sur la stèle de Jehawmelek (fîg. 23),
la Grande Dame de Gebal a toute l'apparence d'une Isis-Halhor; voici
un bronze, sans doute moins ancien, qui provient aussi de la Syrie
(fîg. 26); il ne semble pas que la facture en soit vraiment égyptienne,
et il y a lieu de le croire fondu plutôt en Syrie. Ce doit être une image
d'Astarté, dont la tête est surmontée du disque de la planète et des
cornes de la lune ; mais l'uraeus se dresse au front de la déesse comme
au front d'une Isis. De même, c'était le type de Phtah enfant que la
Phénicie s'était approprié pour prêter un corps à ses Kabires et à ses
Pygmées (fîg. 27).

1. Fr. Lenormant, Sovra il mito d'Adone Tamuz (extrait des actes du congrès des orien-
talistes, réuni à Florence en 1878).

2. Cette influence que les cultes égyptiens avaient exercée sur ceux de la Phénicie
n'avait pas échappé aux anciens. Le Pseudo-Lucien (sur la déesse syrienne, § b) en
témoigne formellement. Pour Silius ltalicus, poète médiocre, mais savant assez bien
informé, ce sont des rites égyptiens que l'on célèbre dans le temple de Gadès (III, v, 20
et suivantes).
 
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