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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0092

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82

LA PHÉNICIE ET SES DÉPENDANCES.

«Ici, les témoignages littéraires sont pleinement confirmés par
les découvertes de la science moderne. Nous ne connaissons aucun
alphabet proprement dit qui soit antérieur à celui des Phéniciens, et
tous les alphabets dont il existe des monuments ou qui se sont con-
servés en usage jusqu'à nos jours procèdent plus ou moins directe-
ment du premier alphabet, combiné par les fils de Canaan et répandu
par eux sur la surface du monde entier '. »

Que les lettres phéniciennes aient été empruntées, comme le croit
M. de Rougé, à l'écriture cursive employée dans les papyrus du pre-
mier empire thébain, ou bien, comme on l'a soutenu dans ces derniers
temps, qu'elles aient été tirées directement, au moins pour la plupart,
de certains des signes de l'écriture monumentale 2, ce qui paraît cer-
tain, c'est que l'invention de l'alphabet remonte beaucoup plus haut
qu'on ne le supposait autrefois. La plus ancienne inscription alpha-
bétique que nous connaissions, celle de Mésa, roi de Moab, est de
Fan 896 avant notre ère, et elle dénote déjà une grande habitude de
l'écriture. On y sent même, à la forme de certains caractères, une
écriture qui a vécu longtemps, qui est, comme on l'a dit, « un peu
usée 3 ». On ne saurait, en pareille matière, proposer une date, même
approximative ; mais il est bien probable que les Phéniciens étaient
déjà en possession de leur alphabet au moment où ils commencèrent
à naviguer dans la Méditerranée orientale4. En tout cas, ce secret était
connu des matelots sidoniens qui abordèrent les premiers aux rivages
de la Grèce et de ses îles. Dès lors, sur toutes les grèves que fréquen-
taient les navires syriens, les sauvages ancêtres des Grecs, groupés
en cercle autour des étrangers marchands, purent souvent se divertir
à les regarder, la vente finie, écrire chaque soir les comptes de la
journée; pressés les uns contre les autres, les curieux se montraient
l'écritoire, qu'un des marchands lirait d'un pli de sa robe (fîg. 31);
puis ils regardaient le kalem, imbibé d'encre, qui courait sur un tesson
d'argile ou sur une bande de papyrus. Sans cloute ces spectateurs naïfs
ne saisirent pas du premier coup l'usage de ces petits traits pressés,
de ces formes singulières qui se répétaient sans cesse, mais qui repa-
raissaient toujours engagées dans des combinaisons nouvelles; pendant

glotïa est litterarum inventioms (Eist. Nat., V, xu, 13); Diodore de Sicile : ïvpoi eOpexat
tùv ysap.u.aTt))'/ slai (V, 74).

1. Fit. Lenorm.ant, Essai sur la propagation de l'alphabet phénicien, t. I, p. 84.

2. ("est là l'opinion qu'a soutenue M. Halévy (Mélanges d'épigraphie sémitique,p. 168).

3. Pu. Berger, l'Écriture elles inscriptions sémitiques, p. 15.

4. Fr. Lenormant, Essai. 1. 1, pp. 95 et 101.
 
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