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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0094

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84

LA PHÉNIGIE ET SES DÉPENDANCES.

scribe des temps ptolémaïques et romains emploie quelquefois les
signes comme si, de propos délibéré, il s'amusait à rendre plus obscurs
les textes qu'il grave sur les murs des temples. Serait-ce, comme on
l'a cru parfois, qu'il veuille n'être pas compris? Non certes; mais il
tient à faire admirer son habileté; c'est un virtuose qui, comme
diraient les pianistes, joue la difficulté.

Rompu dès l'enfance, par un constant exercice, à la pratique de
ce mécanisme délicat, l'Égyptien lettré pouvait, de très bonne foi,
l'admirer et le vanter comme un présent fait aux hommes par le divin
hiérogrammate, Toth, le dieu à tête d'ibis; mais tout autre était la
situation des étrangers, s'ils aspiraient à se rendre maîtres de celle
écriture. La tâche ne leur était facilitée ni par des prédispositions
natives, ni par les effets d'une éducation professionnelle commencée
dans l'âge où la vive et fraîche souplesse de l'esprit permet de beau-
coup demander à la mémoire. Je doute fort que jamais homme d'une
autre race, syrien ou grec, se soit glissé dans les rangs des scribes
égyptiens ou même en ait pu concevoir la pensée. Cependant, pour
ces Syriens qui s'étaient mis à fréquenter les ports et les principales
villes de la Basse Egypte, c'était une grande tentation que de voir
partout les intendants du Pharaon et les princes des nomes, armés
de l'écriloire et du roseau, prendre note, au fur et à mesure, des droits
payés h la frontière et des quantités de grain ou de têtes de volaille
et de bétail qui se vendaient sur le marché1. C'était là ce qu'ils admi-
raient et ce qu'ils enviaient, bien plutôt que ces grandes inscriptions
monumentales où s'étalaient, sur les murs des temples ou au flanc des
pylônes, les noms des peuples vaincus par les conquérants thôbains.
On n'avait pas de si hautes visées ; dans ce monde où d'autres livraient
et gagnaient des batailles, on ne voulait que gagner de l'argent. Ce
qui importait à ces gens pratiques, c'était de s'emparer des procédés
de l'écriture cursive. Quel avantage ce serait de pouvoir s'en servir
pour enregistrer jour par jour ou plutôt heure par heure toutes les
transactions ébauchées ou terminées et tous les engagements pris !
Comme il serait agréable de n'avoir plus à faire fond seulement sur
sa mémoire, et surtout de n'avoir pas à trop compter sur celle de ses
débiteurs !

L'embarras, c'était que cette tachygraphie n'offrait pas à l'étranger
moins de difficultés que l'écriture monumentale; elle renfermait.

t. Histoire de l'Art, 1. I, ii». lit et 21.
 
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