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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0095

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L'ÉCRITURE PHÉNICIENNE. 85

comme celle-ci, des caractères de valeurs très différentes, et, pour
arriver à s'en servir avec quelque aisance, il fallait commencer par
savoir lire les hiéroglyphes, dont ses signes n'étaient qu'une forme
abréviative. Voulait-on s'approprier cet instrument et en tirer tout de
suite parti, l'important, c'était d'en simplifier le jeu et de réduire
l'écriture à une très petite quantité de caractères; mais il n'était
qu'une méthode qui permît d'atteindre ce résultat. Dans toute écri-
ture idéographique, le nomhre des signes n'est sans doute pas égal à
celui des objets de la perception et de la pensée; mais il s'en rap-
proche, et tout système de ce genre suppose nécessairement beaucoup
de signes distincts. Les différentes voyelles, en s'unissant aux diffé-
rentes consonnes, donnent encore lieu à bien des combinaisons; l'é-
crilure fondée sur la notation de la syllabe exigera donc encore un
assez grand nombre de caractères; on en compte une centaine dans
le syllabaire cunéiforme. 11 en est autrement si le signe représente
seulement une des articulations élémentaires de la voix humaine, une
voyelle ou une consonne; dans tous les alphabets que nous connais-
sons, il n'y a guère plus d'une vingtaine de lettres répondant à des
sons entre lesquels l'oreille fasse vraiment une différence.

Parmi les éléments phonétiques dont faisait usage l'écriture égyp-
tienne, il y avait des signes de ce genre, de vraies lettres; il s'agis-
sait de les dégager des signes de syllabes et des signes d'objets et
d'idées ; il fallait prendre ces lettres et ne prendre qu'elles, en lais-
sant aux scribes de Memphis tous les autres modes de notation qui
embarrassaient et qui compliquaient leur système graphique. Gom-
ment conçut-on la pensée de cette opération? Vit-on nettement, dès
le début, que l'emprunt ne devait porter que sur une portion des
signes dont disposait l'Egypte? Y eut-il de longs tâtonnements, ou bien
l'alphabet fut-il constitué, d'après le principe qui en a fait le succès
rapide et la prodigieuse fortune, par les réflexions et par le coup de
génie d'un seul homme? Nous ne le saurons jamais, quoiqu'il ne soit
pas de problème qui pique davantage la curiosité. C'est, dans l'his-
toire de notre espèce, une date importante que celle de l'invention de
l'imprimerie ; mais celle de l'invention de l'alphabet, si nous la con-
naissions, serait plus mémorable encore. Pour décomposer la parole,
pour mener à bien l'analyse qui la résout en ses éléments irréducti-
bles, il a fallu certainement un bien autre travail de l'esprit, un bien
plus puissant effort de la pensée, que pour s'aviser de fondre des ca-
ractères mobiles et de les jeter sous la presse. Ce n'est pas sans émo-
 
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