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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0096

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LA PHÉNIGIE ET SES DÉPENDANCES.

tion que l'on se fait montrer et que l'on regarde, dans les rares
bibliothèques qui en possèdent un exemplaire, la Bible aux quarante-
deux lignes, celle qui a été imprimée à Mayence en 1456 ; mais comme
nous nous sentirions plus pénétrés encore de respect et de recon-
naissance, s'il nous était jamais donné de retrouver et de contempler
la première inscription qu'un scribe phénicien ait tracée au moyen
de ces vingt-deux lettres qui, par toute une suite d'insensibles chan-
gements, sont devenues celles mêmes dont je me sers en ce moment !
Gutenberg a partout des statues, œuvres de sculpteurs tels que Thor-
waldsen et David d'Angers ; ces hommages sont mérités, et cependant
les honneurs du marbre et du bronze ne seraient-ils pas dus plus
justement encore à ce Syrien dont ses compatriotes mêmes avaient
oublié le nom, à celui qui a doté son peuple du merveilleux instrument
que n'avaient pas connu les grandes civilisations primitives ? Parmi ces
lointains aïeux qui nous ont faits ce que nous sommes, en est-il un
qui, si nous pouvions l'évoquer et l'entrevoir dans cette ombre pro-
fonde où il se dérobe, aurait plus cle droit à figurer en tête de la liste
des bienfaiteurs et des héros de l'humanité?

Un des principaux mérites de l'alphabet phénicien, c'est ce que l'on
peut appeler son caractère universel. Les articulations simples de la
voix sont partout en petit nombre et partout les mêmes, à très peu de
chose près. Il en est bien quelques-unes que n'ont pas appris à former
les organes de certains peuples ; telles ou telles notes manquent à cha-
cun des claviers nationaux ; mais ce qui, d'une langue à l'autre, fait
surtout la différence, c'est un élément qui n'est pas susceptible d'être
figuré par l'écriture, c'est le timbre ou, si l'on veut, la couleur des
sons ; c'est la force, c'est la durée de leur émission. Quant à ces articu-
lations que l'analyse distingue sous la variété des prononciations
locales, rien de plus facile, une fois la méthode trouvée, que cle les
noter h l'aide des signes qu'avaient adoptés les Phéniciens ou à l'aide
d'autres signes fondés sur le même principe. Chacun des peuples aux-
quels la vue de l'alphabet phénicien donna l'idée et le désir d'employer
l'écriture alphabétique aurait pu sans doute inventer à nouveau l'al-
phabet, le composer avec des signes créés tout exprès en vue de sa
propre langue ; mais ce n'est pas ainsi que l'esprit humain a procédé
dans ce travail tant de fois séculaire dont les résultats se résument
pour nous dans le mol de civilisation. Toujours, là où quelque choc
brusque n'a pas rompu violemment la chaîne, l'homme a su s'emparer
des découvertes antérieures et les prendre pour point de départ ; il n'a
 
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