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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0098

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88

LA PH I]NICIE ET SES DÉPENDANCES.

niaient avec elles le mot. Cette indétermination ne pouvait convenir aux
Grecs; on sait quel rôle jouent les voyelles dans les procédés de déri-
vation qu'emploie leur langue, dans leur conjugaison et dans leur
déclinaison. « Pour se procurer des voyelles, les Grecs ont pris les
demi-voyelles de l'alphabet phénicien, et, comme celles-ci ne leur suf-
fisaient pas encore, ils ont mis à profit le groupe de ces gutturales,
si nombreuses dans l'alphabet phénicien, dont n'avait que faire leur
langue claire et sonore ; ioa et vav sont devenus / et F, aleph A, hé E,
keth H, aïn 0. Pour le vav, les Grecs paraissent avoir hésité, ils s'y sont
repris à plusieurs fois, comme s'ils avaient eu de la peine à épuiser le
contenu de cette lettre qui, en hébreu, a quelque chose de vague et de
flottant ; c'est ainsi que le vav a donné naissance successivement au
digamma et à Y upsilon en grec, et en latin à quatre lettres, F, répon-
dant au digamma, U, y et F.1 »

Ces observations permettent de mesurer les progrès que l'écriture
phonétique a dus aux Grecs; les Grecs ont, du premier coup, donné la
solution définitive d'un problème qui a toujours embarrassé les Sé-
mites. Ceux-ci ont bien tenté dans cette voie quelques efforts isolés ;
mais cependant ils n'ont jamais réussi, durant tout le temps que leurs
idiomes ont vécu, à noter avec précision les voyelles ; tout au moins
n'ont-ils pas su le faire à l'aide des ressources que leur offrait le sys-
tème de leur alphabet primitif. Les points-voyelles des rabbins juifs
du \ ic siècle de notre ère ont été appliqués, d'une manière tout arti-
ficielle, à une langue qui n'était plus alors qu'une langue morte; nous
avons aujourd'hui la preuve que ces signes donnent une idée très
fausse de la manière dont les mots se prononçaient, au temps où ont
été composés les écrits de l'Ancien Testament2.

Cet instrument admirable qu'ils avaient inventé, les Phéniciens
n'en ont tiré qu'un médiocre parti. S'ils s'en sont servis pour tenir
leurs comptes, ils ne l'employèrent pas à exprimer des pensées qui
méritassent de vivre; ils n'ont pas eu de littérature, au vrai sens du
mot. Ils ne paraissent avoir écrit volontiers que sur les pierres pré-
cieuses, qui ne comportent que des textes très courts, et sur le bronze,
qui ne s'est pas conservé. « Avant la découverte de l'inscription de
Mésa, on pouvait douter que l'épigraphie fût dans l'usage d'aucun
peuple cananéen. Les stèles comme celles de Mésa durent être rares ;
quant à l'habitude de mettre des inscriptions sur les monuments, les

1. Berger, l'Écriture et les inscriptions sémitiques, p. 17.

2. Berger, ibidem, pp. 21-22.
 
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