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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0099

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L'ÉCRITURE PHÉNICIENNE. 89

tombeaux, les monnaies, elle ne fut peut-être pas antérieure, chez ce
peuple, à l'époque où il commença d'imiter les Grecs. La numismatique
phénicienne suit la même loi ; il n'y a pas de monnaie phénicienne
antérieure aux monnayages perses et grecs. L'inscription d'Echmou-
uazar n'est pas plus ancienne; en tout cas, le tour gauche, pénible,
fastidieux de cette inscription est bien loin du ton simple et ferme
des peuples qui écrivirent beaucoup sur la pierre. Au lieu de ce grand
style lapidaire, de cette incomparable manière de parler à l'avenir,
qui est le privilège .des Grecs et des Romains, la seule inscription un
peu considérable que l'on ait trouvée jusqu'ici en Phénicie n'est que
le long verbiage d'un homme de petit esprit, obsédé de terreurs pour
la cuve qui renferme ses os1. Nul sentiment de l'histoire, nul souci
élevé de la postérité ; quelque chose d'égoïste et de mesquin. La
gravure même de l'inscription prouve les tâtonnements d'une épigraphie
peu exercée. Le graveur s'est repris à deux fois, et la seconde fois
il a encore changé de procédé. N'est-ce pas aussi quelque chose de
bien singulier que la monotonie de l'épigraphie carthaginoise ? Les
deux mille cinq cents inscriptions de Carthage que l'on connaît sonl
toutes presque identiques entre elles, sauf trois ou quatre2... En
somme, les inventeurs de l'écriture paraissent n'avoir pas beaucoup
écrit. On peut affirmer, du moins, que les monuments publics chez
les Phéniciens restèrent anépigraphes jusqu'à l'époque grecque 3. »
Depuis que, sur l'initiative prise par l'Académie des inscriptions et
belles-lettres, l'attention s'est tournée de ce côté, le nombre des
inscriptions phéniciennes connues s'est accru très sensiblement; cepen-
dant, aujourd'hui même , dans ce vaste répertoire que nous devons
au zèle de M. Renan et de ses collaborateurs, on ne saurait citer un
seul texte qui se puisse rapprocher de ces belles inscriptions de la
Grèce ou de Rome, où l'on croit entendre retentir la voix même d'un
peuple libre.

Ici la forme répond au fond. S'il est bien rare que, dans ces textes
épigraphiques, la parole ait quelque accent et quelque noblesse, il n'y

1. Quand M. Renan écrivait ces lignes en 1874, la stèle de Jehawmelek n'était pas
encore publiée; mais son contenu n'a rien qui puisse conduire à modifier ce jugement
d'ensemble.

2. Nous nous permettons de modifier ici les chiffres donnés, il y a vingt ans, par
M. Renan; lorsqu'il résumait, dans la page que nous avons citée, les impressions que lui
avait laissées sa mission de Phénicie, M. de Sainte-Marie n'avait pas encore rassemblé et
envoyé en France ces centaines de stèles où se répète toujours Je même hommage à
« Tanit, face de Baal ».

3. Renan, Mission de Phénicie, pp. 832-833.

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