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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0103

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PLAN DE L'ÉTUDE SUR LA PHÉNICIE. 93

ces conditions déplorables et notamment des ravages qu'exercent tous
les jours les chercheurs de trésors, courant tout le pays armés de leur
petite barre à mine, on est surpris qu'il y reste encore un seul vestige
du passé; on a peine à comprendre que quelques points de la côte,
comme Oum-el-Aivamid et Amrit, aient gardé des fragments d'une
haute antiquité »

Comme le philologue et l'épigraphiste, l'historien de l'art se con-
damnerait donc à ne presque rien savoir de l'œuvre accomplie par ce
peuple industrieux, si, pour retrouver et pour faire valoir ses titres, il
se renfermait dans les étroites limites de la Phénicie propre, s'il préten-
dait demander tous ses renseignements à ce sol si cruellement ravagé,
duquel on peut dire, suivant le mot du poète, que « les ruines mêmes
y ont péri ». C'était surtout hors de chez eux, hors de la Syrie, que
vivaient les Phéniciens. J'imagine que la plupart de ces marchands et
de ces gens de mer ne passaient dans leurs cités natales que les années
d'enfance et parfois, de loin en loin, entre deux voyages, quelques
semaines ou quelques mois employés à se reposer ou plutôt à préparer
de nouvelles spéculations et de nouvelles courses. Beaucoup d'autres
naissaient dans ces colonies et dans ces comptoirs de l'Occident où
leurs pères s'étaient établis; plus d'un peut-être, dans toute son exis-
tence, n'avait visité qu'une ou deux fois la métropole et ses temples
augustes. Yeut-on connaître les Phéniciens et se rendre compte des
formes très variées qu'a prises la féconde activité de leur génie intelli-
gent et laborieux, il faut les imiter; il faut, si l'on peut ainsi parler,
monter sur leurs navires et débarquer avec eux sur tous les rivages
qu'ils ont assidûment fréquentés; il faut s'arrêter, en leur compagnie,
dans les endroits où ils ont séjourné le plus longtemps et où, par con-
séquent, il y a le plus chance de relever la trace de leur présence et
de leur action.

A ce titre, c'est à Cypre que nous suivrons tout d'abord les Phéni-
ciens. Cypre n'est pas la Phénicie; de très bonne heure, des colons
grecs sont venus s'établir dans cette île auprès des Sémites et ils ont
fini par en partager avec ceux-ci le territoire; mais la principale des
cités maritimes, Kition, est restée, au moins jusque sous les successeurs
d'Alexandre, une ville toute syrienne, qui, située sur la côte orientale
de Cypre, faisait pendant à Tyr et à Sidon. Ailleurs encore, sur la côte

\. Renan, Mission de Phénicie, pp. 816-819. Voir aussi, dans le même ouvra-r,
pp. 1 54-100, les détails que donne M. Renan sur la destruction des antiquités de Byblos
par les chercheurs de petits objets.
 
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