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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0132

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LA PHÉNÏGIE ET SES DÉPENDANCES.

employés dans ces ateliers qui avaient à fournir aux besoins d'une
production très variée et d'un commerce fort étendu. C'eût été gaspiller
bien des forces vives que de tenter quelque chose qui ressemblât, même
de loin, aux merveilles de Karnak et de Louqsor. Les Phéniciens étaient
trop économes, ils avaient l'esprit trop pratique pour aspirer à cette
gloire des constructions colossales. Les seuls grands travaux qu'ils
paraissent avoir exécutés volontiers, ce furent des travaux d'utilité
publique, tels que ces remblais qui élargirent la surface de l'île
tyrienne et qui donnèrent ainsi plus d'espace et des quais plus spa-
cieux pour bâtir des magasins et pour décharger les marchandises1;
il en fut de même quand il s'agit de creuser et de clore les ports, de
les protéger à la fois contre les fureurs des tempêtes et contre les atta-
ques de l'ennemi. On ne marchanda pas non plus l'effort et la dépense
pour approvisionner d'eau les cités insulaires ou de terre ferme, pour
y creuser des citernes profondes et spacieuses ou pour y conduire, par
de longs aqueducs, les sources de la montagne ; mais, autant que nous
pouvons en juger, les temples et les palais restèrent de dimension
médiocre ; la décoration en était plus riche que la disposition n'en était
grandiose. La civilisation phénicienne eut dès le début et garda tou-
jours un caractère utilitaire qui rend raison de cette apparente ano-
malie.

Si l'on comprend ainsi que les Phéniciens n'aient pas pris à l'E-
gypte le principe d'une architecture qui aurait entraîné ces marchands
à des profusions inutiles, on n'en retrouve pas moins partout la marque
et la preuve de l'influence prépondérante que l'art de l'Egypte a
tout d'abord exercée sur celui de la Phénicie ; pour avoir cette im-
pression très vive, il suffît de regarder aux détails. Les tufs et les
calcaires coquilliers de la Syrie ne sont pas aptes à recevoir et à
garder fidèlement les délicates ciselures que la Grèce tirera du marbre;
ils ne se prêtent même pas aussi bien au travail de l'outil qu'en Egypte
la belle pierre du Mokattam ou que les grès du Djebel-Silsili; les
enduits sous lesquels on aimait à déguiser la grossièreté du grain ont
presque toujours disparu, tout au moins dans les monuments vraiment
anciens. Malgré tout, dans le peu qui reste de l'architecture phéni-
cienne, c'est surtout le goût égyptien qui se reconnaît dans le choix
et dans l'arrangement des motifs dont a disposé l'artiste.

\. Ménandrk, cité par Josèplie {Fragmenta historicorum Grsecorum, de Muller, t. IV,
p. 446, frayaient 1). Un autre historien, Dios, mentionnait ces mêmes travaux, et son
témoignage nous a été aussi conservé par Josèplie (Contre Apion, I, 17).
 
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