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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0151

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LES IDEES DES PHENICIENS SUR L'AUTRE VIE. [41

sévère, c'est le culte des morts. Nous eu avons la preuve indirecte,
mais certaine, dans la formule confessionnelle que le législateur jého-
visle impose à ses adeptes quand ceux-ci apportent leurs offrandes au
dieu jaloux :

« Je n'ai pas mangé (de ce produit) », doit dire l'Israélite fidèle,
« pendant que j'étais en deuil; je n'en ai rien enlevé pendant que
j'étais impur, et je n'en ai rien offert aux morts l. »

L'habitude d'offrir aux morts de la nourriture implique certaine-
ment la croyance qu'ils peuvent en jouir et qu'ils sont capables de
rendre service à ceux qui ont su gagner leur faveur. Chez les .Juifs et
autour d'eux, dans ce milieu dont ils ne se sont distingués que très
lard, on pensait donc que la mort ne mettait pas fin à l'existence de
l'homme et que son ombre continuait à s'intéresser aux vivants. 11 y a
plus. On supposait à cette ombre la connaissance de l'avenir et on lui
demandait d'en révéler les secrets difficiles. C'est ce dont témoigne la
loi mosaïque en proscrivant ;i plusieurs reprises toute opération de
nécromancie : l'insistance qu'elle y met suffit à montrer combien ce
srenre de divination était en faveur chez les Hébreux -. Nous n'en
sommes pas d'ailleurs réduits aux conjectures : n'avons-nous pas
dans la Bible le récit de la visite que fait Saiil h la pythonisse
d'Endor? Il veut apprendre quelle sera l'issue de la bataille qui va se
livrer sur le mont Gelboë ; pour arracher au destin son secret, il
contraint la magicienne d'évoquer l'ombre du prophète Samuel.
Celui-ci, vaincu par la puissance de la conjuration, apparaît vêtu de
l'habillement qu'il portait de son vivant, et, après s'être plaint qu'on
l'ait forcé de remonter sur cette terre, il dit au roi : « Demain, les
fils et loi vous serez avec moi 3. »

Des termes mêmes de cette prédiction il semble résulter que le
rédacteur de ces pages concevait les morts comme tous rassemblés

1. Deutéronome, XXVI, 14. C'est M. .1. Halévy qui a appelé l'attenlian sur ce texte,
dans une remarquable étude qui a pour titre : De l'Immortalité de l'âme chez les peuples
sémitiques (Revue archéologique, 1882, t. XLIV, p. 44). Nous faisons, dans les pages qui
suivent, de fréquents emprunts à cette dissertation; nous en reproduisons parfois les
termes mêmes, et le plus souvent nous nous contentons d'abréger, ne pouvant qu'in-
diquer ici ce que l'auteur développe tout à loisir.

2. Parmi ceux qui « sont en abomination à l'Éternel », figure, avec tous les autres
devins, « celui qui interroge les morts » (Deutéronome, XVIIT, n). Cf. Lévitique, XIX, 31 ;
XX, 6, 27. Dans le ebapitre de Samuel que nous citons plus loin, il est dit que Saûl, pour
faire œuvre de piété, avait ebassé du pays tous les devins et nécromanciens; c'est ainsi que
M. Reuss traduit le texte hébraïque (I, Samuel, XXVIII, 3).

3. Samuel, XXVIII.
 
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