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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0152

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142 LA PHÉNICIE ET SES DÉPENDANCES.

clans un seul lieu, celui que les Hébreux appelaient le schéôl. Ceci nous
donne le vrai sens d'une locution qui revient très souvent dans la
Bible : « 11 fut réuni à son peuple », ou « à ses pères ». On l'a mol
comprise en n'y voyant qu'une allusion à la sépulture ; ce qu'il faut y
chercher, c'est, croyons-nous, l'idée de la vie posthume, telle que la
mènent les morts dans une demeure souterraine, semblable à celle que
les Grecs nommaient l'Hadès. Ce séjour, voici comment Job le décrit,
dans la plainte pathélique où il exprime le regret de n'être pas mort
dans le sein de sa mère 1 :

J'aurais été déjà couché, jouissant du repos;

J'aurais dormi et je me serais senti soulagé;

J'aurais été avec les rois et les conseillers de la terre.

Qui reconstruisent les villes ruinées afin de leur donner leur nom.

Avec les princes qui possèdent de l'or,

Uni remplissent leurs maisons d'argent.

... Là (dans le Schéôl) les malfaiteurs cessent leurs exploits turbulents;
Là reposent ceux dont les forces sont à bout.
Les prisonniers sont à l'abri de toute crainte ;
Ils n'entendent plus la voix du policier.

Petits et grands y sont (ensemble); (là) l'esclave se voit délivré de son
maître.

On remarquera combien ces traits rappellent ceux sous lesquels se
présente l'enfer assyrien, tel que le décrit le poème de la descente
d'Istar2. Les mêmes analogies nous frapperont dans plusieurs autres
des expressions que les livres hébraïques emploient à propos du schéôl.
Ils le peignent comme un lieu où l'on a « sa couche dans les ténèbres3 »;
la voie qui y mène est « une voie sans retour4 ». Comme le noir séjour
où Istar a été emprisonné, le schéôl a ses portes 5. Lorsqu'un grand
conquérant les franchit, les mânes [réfaïm] des rois se lèvent de leur
eouche, pour voir si c'est bien là celui qui a fait trembler le monde ;
quand ils Font reconnu, ils se donnent le plaisir de le railler 8.

Les données que nous venons de rapprocher sont éparses chez les
historiens et chez les poètes, chez des écrivains qui, monothéistes
ardents, sont tous hostiles aux croyances sur lesquelles est fondé le

I. Job, III, 15-10.

Histoire de l'Art, t. II. pp. 358-360.

3. Job, XVII, 13.

4. Idem. XVI, ï'1.
'■). Idem, XVII, lli.

6. Isaïe, XIV, 9-15. Cf. ézéchiel, XXXII.
 
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