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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0153

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LES IDEES DES PHENICIENS SUR L'AUTRE VIE. 143

culte des morts, et considèrent comme un péché mortel les rites qui
s'y rattachent. Ce n'est donc qu'à de rares occasions et par échappées,
qu'ils parlent du schêôl et de ses habitants; encore tendent-ils à trans-
former en simples images poétiques ce que le peuple prenait au pied
de la lettre, ce qu'il entendait au sens matériel. Néanmoins, jusque
dans ces allusions fugitives, on pourrait presque dire jusque dans ces
réticences, on devine et l'on entrevoit ces conceptions populaires que
le monothéisme finit par détrôner. En effet, les croyances vraiment
nationales d'Israël, ce ne sont pas celles que les prophètes exposent
et soutiennent, ce sont celles qu'ils combattent '. Plus une conception
est durement réprouvée par les prophètes et par les législateurs bibli-
ques, plus nous avons le droit d'affirmer qu'elle avait jeté des racines
profondes clans l'imagination et clans les habitudes de la race juive.

C'est en se détachant, par degrés, de toutes ces conceptions poly-
théistiques, pour arriver au pur monothéisme, que le peuple juif se
distingua des nations qui l'entouraient sur le sol de la Syrie. Les
hautes croyances qu'il finit par embrasser et qui furent sa gloire lui
appartiennent en propre ; mais il en est autrement clos cultes auxquels
ses sages et ses prophètes eurent tant de peine à l'arracher. Hom-
mages rendus au soleil, à la lune et à toute l'armée céleste, sacrifices
offerts dans les bois sacrés aux différents Baals et aux déesses leurs
parèclres, aliments déposés sur la tombe des morts et évocation des
ombres, toutes ces idolâtries, comme les qualifiaient les fervents ado-
rateurs de Jéhovah, sont réprouvées clans la Bible, comme de coupa-
bles emprunts faits par les Hébreux à leurs voisins de l'Est, de l'Ouest
et du Nord; la préoccupation constante des prédicateurs d'Israël, c 'es
de forcer leurs compatriotes à ne plus penser, à ne plus sentir, à ne
plus agir comme ces tribus chananéennes au milieu desquelles ils
étaient établis; par les rites que ces maîtres condamnent et défen-
dent, on peut donc se faire une idée du fonds commun des religions
syriennes. Pour suppléer au silence des inscriptions de la Phénicie.
l'historien a le droit de recourir au témoignage des livres hébraïques.
De tous les Sémites occidentaux, les Juifs sont les seuls qui aient eu
une littérature, ou, pour parler plus exactement, ce sont les seuls dont
l'œuvre littéraire ait survécu. Grâce à son étendue et à sa variété, cette
œuvre a le mérite de ne pas nous raconter seulement l'histoire de
l'âme juive; elle jette aussi bien du jour sur les pensées et sur les

i. J. Halévy, loi\ lit,, p. 30.
 
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