Perrot, Georges; Chipiez, Charles: Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre (Paris, 1885)

LA TOMBE EN PHÉNIGIE. loi

on a cependant trouvé aussi dans ces tombeaux des cuves en albâtre
calcaire ou en terre cuite ; elles sont très basses et très simples ;
leur couvercle en dos d'âne ne porte aucun ornement. Ce n'est pas
dans les fours que se rencontrent ces cuves ; elles ont été déposées
dans des chambres sans fours, creusées tout exprès. Autour du
cercueil, une rigole a été taillée dans le sol du caveau pour
recueillir les eaux de suintement et pour mieux préserver ainsi le
sarcophage. De même, afin de défendre le corps contre l'humidité,
souvent, dans la cuve, on coulait sur lui du plâtre qui lui faisait une
enveloppe épaisse et résistante l.

Une fois occupé, chaque four était fermé par une dalle; de même,
lorsque, dans un caveau, toutes les places étaient occupées, on en
murait l'entrée. De larges pierres étaient scellées au-dessus de la
bouche du puits ou des premières marches de l'escalier 2.

Si toutes les précautions avaient, été prises en vue d'assurer le repos
du défunt et de soustraire autant que possible le cadavre à la destruc-
tion, la partie extérieure de la tombe, dans les sépultures des riches,
était en rapport avec la partie souterraine ; elle témoignait du même
soin, du même respect de la mort. On en juge surtout par les monu-
ments que les gens du pays appellent El-Awamid-el-Méghâzil, « les
colonnes-fuseaux », ou, plus brièvement, el Méghâzil, « les fuseaux ».
Placés l'un près de l'autre, sur le point culminant d'un massif de
rochers, deux de ces monuments dominent au loin la contrée (fig. 94) ;
li quelque distance, un autre monument du même genre n'est pas
moins bien conservé ; enfin, non loin de là, les débris d'un quatrième
gisent sur le sol.

L'un de ces monuments est, dit M. Renan, « un vrai chef-d'œuvre
de proportion, d'élégance et de majesté 3 », appréciation que con-
firme la restauration présentée par M. Thobois (fig. 95). L'édifice
a en tout un peu plus de 9m,50 de haut; il est porté sur un sou-
bassement rond, que flanquent quatre lions adossés au massif, d'où
ne se dégagent que leur tête, leurs épaules et leurs pattes de devant.
Au-dessus se dresse un cylindre surmonté d'une demi-sphère, le tout
taillé dans un énorme monolithe. Le soubassement se compose de
quatre grosses pierres. Deux couronnes, formées de grands denti-
cules et de découpures pyramidales à gradins, au nombre de seize.

I. Mission, p. 78.
'2. Ibidem, pp. 77-78.
:j. Ibidem, p. 72.