Perrot, Georges; Chipiez, Charles: Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre (Paris, 1885)

178 LA PHÉNIGIE [ET SES DÉPENDANCES.

(fig. 124). Comme les cercueils de plomb, ces monuments appartiennent
en propre à la Phénicie ; sauf une, toutes les nécropoles phéniciennes
en ont fourni des échantillons. 11 n'y a qu'à Tyr que Fou n'en ait pas
encore rencontré l.

Dans le sarcophage d'Echmounazar, matière et travail, tout est
égyptien (fig. 86). C'est un objet importé, auquel on n'a rien ajouté, en
Syrie, que la longue inscription qui en fait surtout le prix; ce n'est
donc pas au compte de l'art phénicien que nous devons le porter. 11
en est tout autrement des sarcophages anthropoïdes; leur forme est
le résultat de l'une de ces adaptations où se complaisait l'esprit plus

124. — Sarcophage de Sidon. Louvre. Dessin de Saint-Elme Gautier.

ingénieux qu'inventif de ces habiles artisans. L'idée première en a été
certainement suggérée par ces caisses à momies, en bois, que les mar-
chands phéniciens voyaient partout dans la vallée du Nil. Ce qui nous
avertit de cette origine, ce n'est pas seulement qu'ici, comme dans
les cercueils égyptiens, la cuve vise à épouser les formes du corps,
qu'elle est étroite aux pieds et large aux épaules, avec une sorte
de prolongement absidial pour la tête. Cette idée, on a pu L'avoir
ailleurs; mais ici l'imitation se trahit à d'autres indices, plus sensibles
et moins sujets à discussion. L'idée de figurer le mort couché sur sa
tombe est des plus naturelles; c'est un parti que l'on a pris, sans
entente préalable et sans modèle, dans des pays et clans des siècles très
différents; mais ce qui appartient bien en propre à l'Egypte, c'est la
convention en vertu de laquelle, pour décorer ses cercueils en bois,

i. Sur les sarcophages anthropoïdes, voir Renan, Mission, pp. 403-405 et 412-427,
pl. LIX et LX. Cf. Longpérier, Musée Napoléon III, les notices des planches XVI etXVII.