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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0210

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200

LA PHÉNICIE ET SES DÉPENDANCES.

la symbolique égyptienne associait étroitement au dieu de Memphis1. »

Les caractères distinctifs des différentes déesses que l'on adorait
en Syrie sont encore trop mal établis pour qu'on puisse se risquer à
proposer un nom pour chacun des types différents que Ton remarque
dans le groupe des figures féminines. On est tenté de chercher une
Astarté dans cette divinité qui, tantôt assise sur un trône (fig. 20),
tantôt debout (fig. 142), presse la colombe sur sa poitrine ; avant d'être
consacrée à l'Aphrodite grecque, la colombe le fut à des déesses
orientales et particulièrement à l'Astarté phénicienne2; mais on est

1. Heuzey, Catalogue, Phénicie, n° 200.

2. La colombe, disaient les Grecs, avait été de toute antiquité consacrée à Aphrodite,
à cause de son tempérament amoureux et brûlant (Apollodore, cité par le scholiaste
d'Apollonius de Rhodes, Argonaut., III, 593); mais, de toutes les déesses du Panthéon
hellénique, Aphrodite est celle qui a gardé le caractère oriental le plus franchement
marqué; si la Grèce l'a faite sienne, c'est seulement par la beauté de la forme que l'art a
commencé de lui prêter depuis le cinquième siècle; son culte et ses attributs ont toujours
conservé l'empreinte très profonde des origines asiatiques. Les Grecs avaient le sentiment
de ces origines; c'est ce dont témoigne un mythe qui, pour n'avoir pas été illustré par
l'art et par la poésie, comme celui d'Aphrodite naissant de l'écume des eaux, n'en a pas
moins pour l'historien une réelle importance : je veux parler de celui que rapporte Hygin
[Fabulse, \ 97). Un œuf, disait-on, tomba jadis du ciel dans le fleuve de l'Euphrate ; des pois-
sons l'apportèrent sur la rive ; des colombes le couvèrent, et de sa coquille sortit Aphrodite.
Un rapport était ainsi établi, par cette tradition, enlre la déesse, née sur les bords de
l'Euphrate, qui aurait été le prototype d'Aphrodite, et la colombe. Si nous ne pouvons
encore citer de textes et de monuments qui attestent que la colombe ait été consacrée à
l'une de ces déesses de la fécondité qu'adorèrent sous divers noms les Sémites orientaux,
le fait est prouvé tout au moins pour ces déesses syriennes qui ne sont que les fdles de
celles de la Chaldée et de l'Assyrie. On a démontré depuis longtemps que la Sémiramis
dont la naissance et la vie ont été racontées par Diodore (II, iv, xx) n'est pas un person-
nage humain, mais une divinité que la légende transporte, comme il arrive souvent en
pareil cas, dans le domaine des événements humains (Fr. Lenormaxt, la Légende de Sémi-
ramis, mémoire présenté à la classe des lettres de l'Académie de Belgique, le 8 jan-
vier 1872). Plusieurs auteurs affirment que Sémiramis était adorée comme déesse soit
dans la vallée de l'Euphrate, soit en Syrie, et particulièrement à Ascalon et à Hiérapolis
(Athénagore, Legatio pro Christianis, 26; Lucien, De dea Syria, 14 et 33 ; Diodore, II, xx, 2) ;
le lien par lequel la tradition la rattache à Dercéto, la grande déesse d'Ascalon, indique
que Sémiramis n'était qu'une des formes du type adoré sous divers noms par toutes
les tribus sémitiques de l'intérieur et de la côte; or nous savons que la colombe était
particulièrement consacrée à cette Dercéto-Sémiramis d'Ascalon et de la Syrie septen-
trionale. Sémiramis, d'après Diodore, avait été nourrie par des colombes, et, à sa mort,
se change en colombe; le nom même de Sémiramis, affirmait Gtésias, signifiait colombe
dans la langue du pays. A Lucien, on montre, dans le temple de Hiérapolis, une statue
qui passait pour celle de Sémiramis, et sur la tête de laquelle était posée une colombe
d'or. Enfin, sur les monnaies frappées à Ascalon sous les empereurs romains, on voit une
déesse, Dercéto ou Sémiramis, qui tantôt a la colombe auprès d'elle, tantôt la porte sur
sa main ouverte (Eckhel, Doctrina nummoram veterum, t. III, p. 445). L'attribution de la
colombe àl'Astarté de Syrie et de Papbos est, s'il est possible, encore mieux attestée. Les
poètes y font de fréquentes allusions (Libelle, I, vin, 17; Martial, VIII, xxvni, 13). Athénée
(x, 51) parle des colombes d'Éryx, et la tradition qu'il rapporte suppose une relation
 
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