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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0275

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LE TEMPLE A GYPRE. 265

lisant et obscur, comme ce qu'il dit ailleurs des Juifs, de leur histoire
et de leur religion; il y a pourtant là quelques détails assez précis sur
les règles suivies pour les sacrifices et sur l'image de la déesse « qui
n'est point représentée sous la figure humaine ; c'est un bloc circu-
laire qui, s'élevant en cône, diminue graduellement de la base au
sommet. La raison de cette forme est ignorée1 ». Tacite ajoute que
Titus prit plaisir « à contempler les richesses du temple et les dons
qu'y avaient accumulés les anciens rois, ainsi que toutes ces antiquités
que la vanité des Grecs fait remonter à des époques inconnues ».

Ce n'était pourtant pas un temple hellénique que celui où, vers la
fin du premier siècle de notre ère, l'œil ne rencontrait encore qu'une
pierre presque brute à la place qu'occupait, dans le sanctuaire de Cos
ou de Gnicle, l'Aphrodite de Praxitèle. Au lieu de cette image accomplie
de la grâce et de la beauté féminine, un grossier symbole, peut-être
phallique, un caillou sacré, un simple bélyle1. Ces autels, sur lesquels on
sacrifiait, nous dit aussi Tacite, à ciel ouvert, et qui cependant, assure
l'historien, n'étaient jamais mouillés parla pluie, c'est un souvenir de
ce culte en plein air qui a été le premier et le plus ancien culte des
tribus chananéennes3. Tout, dans le temple de Paphos, devait avoir cette
couleur syrienne très marquée; tout était en harmonie avec les traits
sur lesquels l'historien appelle notre attention. La présence de la pierre
conique dans le sanctuaire à la place d'honneur, c'était, si l'on peut
ainsi parler, la note dominante, celle qui donnait le ton; mais le visi-
teur retrouvait certainement le même caractère dans la disposition
générale du temple, dans les costumes des prêtres et dans les rites
qu'ils faisaient pratiquer aux fidèles.

D'autres documents confirment les inductions que nous avons tirées
du récit de Tacite. Sur toute une série de monnaies de bronze qui ont
été frappées sous les empereurs, d'Auguste à Macrin, au nom du
congrès de toutes les cités cypriotes (xoivov Kuirpfe>v), on voit figurer un
édifice dans lequel on s'accorde à reconnaître le plus important des

1. « Simulacrum deœ non effigie humana; continuus orbis latiore initio tenuem in
ambitum, metaî modo, exsurgens, et ratio in obscuro. » M. Halévy croit avoir trouvé Je
secret qui échappait à Tacite. Dans une des récentes séances de la Société Asiatique
(12 octobre 1883), il exprimait l'idée que l'un des noms donnés à la divinité, chez les
Sémites, El, s'expliquait par le sens primitif de colonne que présente ce même mot. La
colonne, que nous retrouvons à l'entrée des temples phéniciens, dressée devant la porte,
ou, dans le sanctuaire, sous la forme de cône, serait la représentation abrégée de la
montagne, le premier fétiche qu'aient adoré ces populations aux jours de leur enfance.

2. Histoire de l'Art, t. 111, pp. 59-61.

3. Ibid., pp. 211-242.

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