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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0301

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LE TEMPLE A CYPRE. 291

ou deux intailles dont l'exécution est si avancée, que l'on pourrait, à
la rigueur, songer à descendre, pour l'enfouissement du trésor, jusqu'à
l'époque d'Évagoras. Alors encore il y eut dans l'île, entre les parti-
sans de l'indépendance nationale et ceux qui voulaient se soumettre
à la Perse, des luttes sanglantes où Gurium paya peut-être cher la
faute commise un siècle plus tôt.

En tout cas il semble qu'un certain souvenir s'était gardé du dépôt
enfoui sous Faire du temple ; la mosaïque qui en formait le pavé avait
été trouée en plusieurs endroits, et M. de Cesnola put suivre, jusqu'à
six ou sept pieds de profondeur, la trace de fouilles qui, mal dirigées,
avaient été buter contre les fondations de l'édifice; ce fut même là ce
qui lui donna l'éveil1. Il reconnut que le sol, en cet endroit, sonnait
le creux; il contourna l'obstacle qui avait arrêté son prédécesseur
inconnu, et, en descendant beaucoup plus bas, il retrouva la crypte
que celui-ci n'avait pas su atteindre. Le chercheur de trésors qui a
ainsi frayé la voie à notre heureux contemporain n'appartenait évidem-
ment pas au personnel du temple; ce n'était pas un des prêtres ou des
serviteurs, qui, à la première alerte, avaient porté les objets précieux
dans le souterrain et les y avaient rangés dans un ordre qui témoigne
d'une opération faite tout à loisir, par des gens qui croyaient pouvoir
revenir bientôt prendre ce qu'ils auraient soustrait aux convoitises du
vainqueur. Ces espérances ont été trompées ; il est probable que tous
ces hommes ont péri dans le massacre, emportant avec eux le secret
du passage qui, caché sous un amas de terre, n'était fermé pourtant
que par une dalle appuyée contre la porte du couloir. Nous n'avons pas
le courage de regretter leur mort violente ; mais, comme l'archéologue
qui a décrit avec tant de soin et d'amour les intailles de Curium,
rendons du moins hommage à la mémoire de ces gardiens du sanc-
tuaire qui, le sentant menacé par la rage d'un ennemi barbare, ont si
bien caché le dépôt sacré dont la garde leur avait été confiée. Nous
leur devons de la reconnaissance ; s'ils avaient été moins fidèles et
moins attachés à leurs devoirs, cet unique et précieux ensemble ne
se serait pas conservé ; nous ne l'aurions pas vu ressortir de terre,
comme au coup de baguette d'un magicien, pour charmer et pour
instruire des artistes et des savants que vingt-cinq siècles environ
séparent de la dernière des générations dont l'art et la piété concou-
rurent à la formation de ce trésor2.

1. Cesnola, Cypms, p. 302.

J. King dans Crsxola, Cyprus, p. 387.
 
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