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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0304

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LA PHÉNIGIE ET SES DÉPENDANCES.

antiquité prodigieuse ; on y avait voulu trouver l'œuvre d'une préten-
due race de géants qui aurait habité l'île avant l'arrivée des colons
phéniciens, avant le déluge même, disait-on.

L'explication et l'excuse de ces rêveries, c'est que, lorsque l'atten-
tion se porta pour la première fois sur ces monuments, on manquait
de points de comparaison : les vieux monuments de la Syrie n'étaient
pas encore bien connus ; on ne se rendait pas compte du goût que les
constructeurs phéniciens avaient eu de tout temps pour les grands
matériaux et des habitudes qu'ils avaient fait contracter à tous ceux
qui s'étaient inspirés de leurs exemples. Sans doute, à la Giganteja
comme aussi dans les ruines situées à Malte, il y a des pierres qui
ont de 3 à 6 mètres de long, avec une épaisseur et une hauteur
proportionnelles (fig. 219)*. Ces dimensions peuvent étonner les culti-
vateurs de Gozzo, accoutumés à bâtir en petits moellons ; mais elles
ne sont pas pour surprendre ceux qui ont vu les murs de Ruad, ceux
du Haram ech-Chérif, à Jérusalem et, à Baalbek, le fameux trilithon.
Une autre manie des mêmes ouvriers, c'est d'appliquer à la pierre
taillée les procédés qui sont de mise pour attaquer la roche vive, c'est
de chercher à tirer d'un monolithe certains ensembles, comme la
colonne ou la porte, que l'on obtient d'ordinaire par le rapprochement
de membres différents, dont chacun a sa fonction à remplir2. Or, si
cette tendance se marque quelque part, c'est bien dans la porte par
laquelle on entre dans une des salles de l'un des temples de Malte. Ni
jambages ni linteau; cette baie a été ouverte et découpée au ciseau
dans une énorme dalle de calcaire encadrée entre deux hauts montants
qui la maintiennent en place (fig. 220).

Ce que l'on retrouve ici, c'est donc bien l'esprit et le principe même
de la construction phénicienne ; examine-t-on ensuite la disposition
générale et l'aménagement de ces temples de Gaulos et de Malte, on
n'y reconnaît aucun des traits qui caractérisent les édifices religieux
bâtis par les Grecs et les Romains ; mais au contraire c'est le temple
phénicien que ces ruines rappellent à bien des égards. On en jugera

cinquantaine d'années, la Giganteja a beaucoup souffert. On ne retrouve plus aujourd'hui
bien des parties curieuses de la construction, qu'avait pu relever en place Fartiste dont
les dessins ont été publiés en 1834 par Albert de la Marmora et sont ici reproduits. Sur
l'histoire du monument et sur son état actuel, voir le Report, pp. 7-9.

1. La figure 219 a été dessinée d'après une photographie qui nous a été communi-
quée par M. Dugit, doyen de la Faculté des lettres de Grenoble. La figure suivante a la
même origine.

2. Histoire de l'Art, t. III, p. 107.
 
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