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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0330

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320 LA PHÉNICIE ET SES DÉPENDANCES.

de ces trente dernières années, a recueilli, avec une rare.connaissance
de la littérature ancienne, tous les passages des auteurs qui se rap-
portent au culte cypriote, à son esprit et à ses rites 1 ; Movers en a fait
autant pour la Phénicie. Rapprochez de ces textes les monuments
figurés que le sol de la Syrie et de Gypre a fournis à nos musées, et
vous pourrez vous donner, pour quelques instants tout au moins, la
vision et comme l'hallucination de tout un monde disparu sans retour,
des temples de Byblos et de Paphos et de leurs bois sacrés.

Tout d'abord vous apercevez, remplies du mouvement et des voix
de la foule, ces cours spacieuses qui se développaient autour du taber-
nacle où résidait la divinité du lieu. Sur toutes leurs faces, de larges
galeries couvertes; elles étaient indispensables pour que l'on pût se
mettre à l'abri pendant les heures chaudes des brûlantes journées d'été.
N'eût-on pas retrouvé l'indication de ces portiques, ici sur le roc ou
sur le sol, là sur les monnaies, nous n'en aurions pas moins affirmé
qu'ils avaient existé jadis, appuyés aux murailles. C'était là que tenaient
boutique les marchands d'amulettes et d'idoles, ceux qui vendaient aux
pèlerins ces statuettes de la maîtresse du temple qu'ils aimaient à rap-
porter dans leur pays. On peut lire dans Athénée le récit d'un miracle
accompli, comme le racontait Polycharme de Naucratis, par une de
ces images. Touchée des prières des matelots, la déesse, au milieu
d'une horrible tempête, sauva le navire sur lequel un habitant de
Naucratis l'emmenait de Paphos en Egypte 2.

Sous ce ciel de feu, la fraîcheur et l'ombre sont les plus exquises
jouissances, les plus nécessaires des biens. On devait donc aussi les
demander à des fontaines jaillissantes, à des bassins creusés dans les
dallages des parvis, aux platanes penchés sur les vasques ruisselantes
et trempant leurs racines dans l'humidité que ces réservoirs laissaient
filtrer tout à l'entour. Il fallait de l'eau pour les sacrifices et les ablu-
tions ; il en fallait pour désaltérer tout ce peuple de prêtres et de prê-
tresses qui vivait autour du sanctuaire, ces multitudes de pèlerins qui,
du rivage et de tous les chemins de la montagne, affluaient, à certains
jours, dans ces enceintes. L'eau, nourrice des troncs puissants, des
larges rameaux et des feuillages épais, on avait été la chercher et la
capter au flanc des côtes voisines. Rien n'était plus facile sur les plages
syriennes, où l'on avait à sa disposition les torrents que versent à la
plaine les neiges et les sources intarissables du Liban. A Cypre, il avait

1. Excel, Kypros, 2 vol. in-8°, 1841, Berlin.

2. Â.THÉNÉE, XV, XVIII.
 
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