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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0331

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DES CARACTÈRES GÉNÉRAUX DU TEMPLE PHÉNICIEN. 321

fallu prendre plus de peine ; on avait amené l'eau, souvent de fort loin,
à l'aide de ces conduites souterraines, taillées dans le roc, dont la
trace se trouve un peu partout dans l'île et qui se courbaient en siphons
pour franchir les vallées '. Si vous avez voyagé en Orient, rappelez-vous
les abords des mosquées turques ou persanes, leurs fontaines toujours
coulantes et leurs majestueux ombrages ; vos souvenirs vous donneront
quelque idée de l'aspect que devait offrir l'enclos d'un sanctuaire tel
que celui de Paphos, lorsqu'on en franchissait le seuil après avoir gravi
les pentes boisées de la colline, parmi des arbres séculaires d'où s'abat-
taient en tournoyant, avec un grand bruit d'ailes, des volées de pigeons
blancs, oiseaux chers à la déesse, nourris du grain que ses fidèles leur
jetaient à pleines mains2.

Ces temples avaient leurs fêtes, qui correspondaient surtout aux
changements de saison. Ce que l'on adorait dans les plus célèbres de
ces temples, à Paphos comme à Byblos et à Éryx, c'était l'énergie
meurtrière et féconde de la nature toujours occupée à détruire et à
créer, à réparer, par l'union des sexes et par un éternel enfantement,
les pertes que la mort fait subir à la vie. Les péripéties de ce drame
sans dénouement, qui recommence toujours pour ne jamais finir, les
âmes s'y associaient avec une sincérité de sympathie et une sensibilité
passionnée que nous avons aujourd'hui quelque peine à comprendre.
L'hiver, elles s'attristaient sur l'alanguissement et le deuil de la nature;
elles pleuraient la mort d'Adonis, du jeune dieu solaire que la dent
du monstre avait retiré de ce monde dont il était le charme et
couché dans la tombe ; mais, une fois le printemps revenu, dans les
premiers jours d'avril, elles éclataient, avec des transports plus vifs
encore et plus effrénés, en cris de joie, en danses et chansons, en
bruyantes orgies; elles célébraient le soleil qui s'était réveillé, l'amour
qui coulait à nouveau dans les veines de tout ce qui a vie. Les prosti-
tutions sacrées, l'une des pratiques qui caractérisent le mieux les reli-
gions syriennes, avaient leur place comme marquée d'avance dans un
pareil culte. Les hiérodules de Paphos n'étaient pas moins célèbres
que celles de cette Corinthe qui, elle aussi, dans des temps reculés,

1. De Cesnola a relevé des vestiges de ces aqueducs près d'Amathonte, de Curium, de
Citium, de Throni et, dit-il,dans un ou deux autres endroits encore, aunordde l'île. Cyprus,
pp. IS7, 341.

2. Aujourd'hui, à la Mecque, dans la cour de la grande mosquée, autour de la Caaba,
il y a plus de deux mille colombes qui sont censées appartenir au chérit. Les pèlerins
achètent du grain pour le leur distribuer; c'est un devoir de piété que ne manquent pas
de remplir tous ceux qui visitent le sanctuaire. Voyage d'Ali-Bey, l. II, p. 367.

tome ni. il
 
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