Perrot, Georges; Chipiez, Charles: Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre (Paris, 1885)

LES MURS D'ENCEINTE. 329

Entre la campagne et le dedans de la place il y a donc une différence
de niveau, qu'il a fallu racheter au moyen de rampes. On voit nue de
ces rampes, soutenue par un mur de soubassement, sur le croquis
ci-joint, qui représente la partie du mur voisine de la porte du nord-
ouest (fig. 238).

Le mur, dont la hauteur actuelle varie entre o et 10 mètres, est
composé de blocs de calcaire gris, très sommairement épannelés. Les
plus longs ne dépassent guère 1 mètre et ont environ 0m,80 de haut.
Ils sont appareillés sans ciment, et les intervalles qu'ils laissent parfois
entre eux sont bouchés par des pierres plus petites. Point de frace
de mortier. Ce qu'il y a de remarquable dans cet ouvrage, c'est l'ef-
fort qu'a fait le constructeur pour bâtir par assises réglées, malgré la
grossièreté des matériaux qu'il employait. L'appareil est mal conçu,
en ce sens que très souvent les joints verticaux se correspondent et
se continuent d'une assise à l'autre ; mais, grâce à la hauteur sensi-
blement égale que présentent les blocs d'une même rangée, les lignes
qui séparent les assises, tout en s'intléchissant légèrement par endroits,
restent, dans l'ensemble, à peu près horizontales. L'épaisseur du mur
varie entre 5 et 8 mètres ; les défenseurs de la place pouvaient donc s'y
établir en nombre pour repousser toute tentative d'escalade. On n'aper-
çoit, \h même où la muraille semble n'avoir rien perdu de son élévation,
aucun reste de parapet ni de couronnement. Cette enceinte a dû être
bâtie dans un temps où l'art des sièges était encore dans l'enfance ; la
seule machine dont l'invention remonte à une époque assez reculée,
c'est le bélier, que nous voyons paraître en Assyrie dès le huitième
siècle et, contre ses coups, un mur comme celui que nous venons
de décrire se défendait surtout par sa masse. Le principal effort de
l'attaque devait donc être dirigé contre les portes, que l'on essayait
de forcer. Nous avons vu comment on essayait de parer à ce danger;
ainsi, à la porte du nord-est, l'assaillant se trouvait serré dans un étroit
passage, entre le précipice et le bastion arrondi que forme là le mur;
dans les portes qui donnent sur le plateau, il se trouvait contraint de
s'avancer, sous une pluie de pierres et de traits, au pied de saillants
qui, de chaque côté de l'entrée, ont environ 30 mètres de long.

Le voyageur qui nous a servi de guide dans cette description
incline à chercher dans cette enceinle plutôt l'œuvre des Pélages que
celle des Phéniciens; mais qu'est-ce que les Pélages? Ce mot n'a

I. Voir un bas-reliëf de Téglalh-Phalasar II, dans ['Histoire de l'Art, t. Il, fig. 26.