Perrot, Georges; Chipiez, Charles: Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre (Paris, 1885)

LES MURS D'ENCEINTE. 345

lions que l'on peut tirer de différents épisodes du siège, et enfin, comme
dernier moyen de comparaison et de contrôle, il a la description que
donne Daux des enceintes de Thapsus et d'Adrumète ; ces villes, étroi-
tement apparentées àCarthage, avaient des enceintes qui ne devaient
différer de l'enceinte de la métropole que par de moindres dimensions ;
elles avaient été bâties sur le même plan et par les mêmes architectes.
Le témoignage de Daux a ici un caractère de précision et de netteté
qui ne laisse guère place au doute1.

11 ne pouvait pas, comme le dit Appien, y avoir trois enceintes pa-
reilles. Nulle part, sur remplacement d'aucune ville antique, on n'a
rien trouvé de semblable, et il est aisé de comprendre pourquoi. La
première enceinte une fois prise eût fourni à l'assiégeant un établisse-
ment excellent pour battre la seconde; et de même ensuite la seconde
pour réduire la troisième. Ce que l'on se proposait, dans les sièges an-
tiques, c'était d'arriver à placer ses batteries h une altitude qui fût pour
le moins celle des créneaux de la défense ; or, ce résultai, ou l'eût ob-
tenu d'emblée par la prise de la première enceinte; dès lors, réduire
les deux autres enceintes n'eût plus été qu'un jeu. Le triple mur, tel

citations dans sa Note sur les fortifications de Carthage diffère assez sensiblement de celui
qui a été imprimé; Graux préparait une édition nouvelle de cet auteur, et avaitcoliatiohné
à cet effet les trois manuscrits qui en existent. Un savant officier du génie, M. Albert de
Rochas d'Aiglun, en adonné en 1872 une traduction intitulée : Poliorcétique des Grecs.
Traité de fortification, d'attaque et de défense des places, par Pbilon de Byzance, traduit pour
la première fois du grec en français, commenté et accompagné de fragments explicatifs
tirés des ingénieurs et historiens grecs. Paris, in-8°, Tanera, 1872.

1. A. Daux, Mecherches sur l'origine et remplacement des emporia phéniciens dans le
Zeugis etle Byzacium (1 vol. in-8°, 18119), p. 278. Certains des résultats exposés par Daux
ont paru difficiles à admettre, et ce qui explique ces résistances, c'est que le livre est
mal fait. L'exposition manque de clarté et de méthode; l'auteur laisse trop voir, presque
à chaque page, qu'il ne connaît pas l'antiquité; il manque de critique et de méthode ;
enfin on est surtout mis en défiance par ce fait que les restaurations qu'il propose ne sont
pas accompagnées des relevés de l'état actuel, qui seuls les justifieraient pleinement; on
n'a cloncpas les éléments nécessaires pour apprécier la part de conjecture que renferment
ces restitutions. Cependant, d'après notre savant confrère M. Tissot, Daux serait plus à
plaindre qu'à blâmer; ses relevés avaient été faits avec beaucoup de soin et d'exactitude,
pendant les huit années environ qu'il avait employées à fouiller le sol de la Régence, aux
Irais de l'empereur Napoléon III; l'auteur comptait les publier et mettre ainsi la critique
en mesure de contrôler ses dires et les partis qu'il avait pris; mais tous ces documents,
qui formaient un ensemble très curieux et très considérable, ont été détruits en 1871, dans
l'incendie des Tuileries. Daux avait conservé la minute d'un certain nombre de ces plans
et dessins; mais il perdit la plupart de ces brouillons dans un naufrage en se rendant en
Suède où, après la chute de l'Empire, il avait été diriger l'exploitation d'une mine, et il
es1 mort en 1881 sans avoir trouvé l'occasion de rien tirer de ses riches portefeuilles.
Il y aurait profit à étudier Je peu qui reste de ses papiers, et nous souhaitons fort que
M. Tissol puisse, comme il le désire, entreprendre cet examen.

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