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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0366

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356

LA PHÉNIGIE ET SES DÉPENDANCES.

ville, le nombre considérable des teintureries en rend le séjour fort
incommode 1. »

Toute une partie de la ville était donc occupée par les gens de
métier; mais il y en avait une autre, sans doute partout la plus élevée
et la plus découverte, où se groupaient les demeures des riches arma-
teurs qui mettaient chaque printemps une flotte à la mer, patrons
pour le compte desquels, dans les bas quartiers, dans les rues voisines
du port, travaillaient des centaines d'ouvriers et d'esclaves. A tous ces
personnages il fallait des habitations dont l'aspect extérieur annonçât
au passant l'opulence du propriétaire ; on admirait les maisons de
Béryte, de Sidon et de Tyr ; on les prenait comme points de compa-
raison et on les citait comme des types d'amples et belles constructions
privées2. Ces grands négociants ne se contentaient d'ailleurs pas de
leur maison de ville; tout imposante et somptueusement meublée
qu'elle fût, celle-ci ne pouvait jamais occuper qu'une médiocre
étendue, l'espace, malgré les remblais artificiels qui l'avaient élargi,
restant étroitement mesuré à chaque famille dans l'agglomération
urbaine3. C'était hors des murs, dans la banlieue, que toute cette
noblesse marchande avait les demeures où elle allait jouir de la
richesse acquise et goûter la douceur d'un vrai repos ; les gens d'Arad et
de Tyr traversaient l'étroit bras de mer qui les séparait de la terre ferme;
ceux de Béryte et de Sidon n'avaient qu'à se répandre dans la foret de
pins ou dans les campagnes fleuries qui entouraient la cité; ils avaient
là ces villas et ces métairies que les explorateurs devinent encore
aujourd'hui aux restes des exploitations agricoles dont elles étaient le
centre4. C'est dans ces campagnes qu'est née cette agriculture savante
dont la théorie, encore développée et perfectionnée par les Phéniciens
d'Afrique, s'était conservée, jusqu'aux derniers jours de l'antiquité,
dans ce livre du capitaine carthaginois Magon, que le sénat 'romain,
après la conquête de l'Afrique, fit traduire en langue latine5.

1. Strabox, XVI, ii, 23.

2. Josèphe, de Bello Judaico, II, xvm, 9. Sept siècles plus tôt, Ézéchiel disait déjà de
Tyr: « Ceux qui t'ont bâtie t'ont rendue parfaite en beauté » (XXXVIII, 4), et ailleurs :
« L'ennemi renversera tes maisons si désirables » (XXVI, 12).

3. Sur ces remblais, qui avaient donné par exemple à Tyr la vaste place appelée Enry-
chore, voir Ménandre, cité par Josèphe, Ant. Jud., VIII, v, 3. L'historien disait de Hirarn :
outoç lyonae té eûpû/wpov. Un autre historien de Tyr, Dios, rappelait ces mêmes travaux et
ceux qui avaient joint à l'île principale un dot sur lequel s'élevait un temple (Josèphk,
ibidem).

4. Renan, Mission, pp. 633-635-, 638-639, 644, 608-009, etc.

5. COLUMf.lle. I, 1,1 3.
 
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