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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0367

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LES VILLES ET LEURS TRAVAUX HYDRAULIQUES. 357

Pour arroser les champs dont on voulait obtenir de riches mois-
sons, il fallait de l'eau, beaucoup d'eau; il n'en fallait pas moins pour
désaltérer la nombreuse population qui se pressaiI dans l'enceinte
des villes. L'attention des Phéniciens dut donc, de bonne heure, se
tourner de ce côté. Habitués comme ils l'étaient à tailler le roc, ils
n'eurent pas de peine à y creuser des rigoles qui, des dernières pentes
de la montagne, amenaient jusque dans la plaine les eaux vives du
Liban; mais, de tous les travaux hydrauliques qui, dans celte contrée,
paraissent remonter à l'époque phénicienne, les plus curieux sont
les puits de Rus-el-Aïn, « la tête des ruisseaux». Là, h 7 kilomètres
environ vers le sud de Tyr et à quelques centaines de pas du rivage, se
trouvent des sources très abondantes qui jaillissent avec violence,
emprisonnées dans des espèces de tours octogonales, entre des murailles
épaisses, hautes de 5 à 6 mètres. Il y a quatre de ces réservoirs; la
profondeur du plus grand, mesurée avec soin, atteint 28 mètres. « Ces
fontaines constituent de véritables puits artésiens, qu'alimentent les
pluies et les neiges qui tombent sur les hauteurs du Liban. La dispo-
sition des couches crétacées que présentent les montagnes voisines
démontre la chose avec certitude ; ces bassins ne sont que des ouver-
tures naturelles, des crevasses à travers lesquelles s'est fait jour avec
une énergie considérable l'eau d'une nappe inférieure, soumise à une
forte pression 1 ».

Sont-ce les Romains, sont-ce les Phéniciens qui ont régularisé les
oritiecs et qui les ont garnis de ces solides gaines en maçonnerie,
destinées à élever les eaux à un niveau qui dominât toute la plaine
environnante et qui permît de les y distribuer, au gré des besoins de
l'agriculture et de l'industrie ? Nous inclinerions à croire que les
Phéniciens ont eu les premiers l'idée de cette ingénieuse et simple
disposition-. Pas d'autre ruisseau dans toute la banlieue de Tyr;

1. Lortf.t, lu Syne d'aujourd'hui, p. 128.

2. Un détail donné par Strabon (XVI, n, 13) sur une source sous-marine qui se trouvait
entre l'île d'Arad et la terre ferme démontre (pie les Phéniciens avaient saisi la loi phy-
sique par laquelle s'expliquent les puits artésiens. Voici ce curieux passage : « En temps
de guerre, on va chercher l'eau dans le détroit même, un peu en avant de la ville, eu un
point où a été reconnue la présence d'une source d'eau abondante. À cet effet, on se sert
d'un récipient ayant la forme d'une gueule de four renversée, que, du haut de la barque
envoyée pour faire de l'eau, on descend dans la mer juste au-dessus de la source; ce réci-
pient est en plomb; très large d'ouverture, il va se rétrécissant toujours jusqu'au fond,
lequel est percé d'un trou assez étroit. A ce fond est adapté et solidement fixé un tuyau
en cuir, une outre, pour mieux dire, destinée à recevoir l'eau qui jaillit de la source et
que lui transmet Je récipient. La première eau recueillie ainsi n'est encore que de l'eau
de mer, mais on attend que l'eau pure, l'eau potable de la source, arrive à son tour, el
 
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