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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0369

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LES VILLES ET LEURS TRAVAUX HYDRAULIQUES. 359

face même de File, bassins où l'on venait remplir des outres ou de
grandes jarres de terre que des chalands transportaient ensuite jusque
dans la ville; mais Tyr fut trop souvent menacée pour ne pas s'être
mise en mesure de pouvoir se passer de ce secours. Toutes les mai-
sons, comme c'est aujourd'hui l'usage en Syrie, étaient pourvues de
citernes; ce qui le démontre, c'est que Tyr, au témoignage d'un his-
torien phénicien, put, pendant cinq ans, sans mourir de soif, rester
privée des eaux de la terre ferme1. Salmanasar, qui ne pouvait l'at-
taquer faute de navires, avait placé à l'embouchure du Léonlès et
près des réservoirs du Ras-cl-A'ui des troupes qui en interdisaient
l'accès aux Tyriens. Arad avait aussi ses citernes creusées dans le roc;
elles servent encore aujourd'hui2.

Pour ne rien perdre de ces eaux du ciel dont la source ne pouvait
pas être tarie par l'ennemi, les villes syriennes avaient probablement
pris l'habitude de paver avec de larges dalles le sol de leurs rues, de
leurs places et des cours de leurs maisons. En tout cas, nous savons
qu'il en était ainsi pour Carthage. L'aqueduc qui y amène les eaux du
mont Zaghouan, et qui a été rétabli tout récemment, ne date que de
l'Empire romain. La vraie Garthage, la reine de la Méditerranée, n'a
jamais bu que de l'eau de pluie. Afin de recueillir le précieux liquide
jusqu'à la dernière goutte, il lui fallut donc tirer parti de toutes les
surfaces sur lesquelles s'abattaient les déluges de l'automne ou les
rares ondées des autres saisons. Les maisons avaient leurs terrasses
bétonnées, d'où les eaux descendaient dans les citernes privées. Unis,
pour son approvisionnement, la république ne pouvait pas s'en remettre
à la seule prévoyance des particuliers ; elle cul ses citernes publiques,
et, pour être plus sure de les remplir, elle dalla ses rues en grandes
plaques de calcaire et elle les munit de conduits qui portaient les eaux
à des réservoirs situés dans la partie basse de la ville. Les Carthaginois
passaient, dans l'antiquité, pour avoir inventé le dallage des routes et
des rues:!; quand on a fait des fouilles un peu profondes sur le sol

1. Ménandre dislingue très bien le K07a\j.6^ (le Léontès, qui se jette au nord de Tyr) et
les Oopaytoyiai (les puits de Has-el-Mn et les canaux qui en dérivent). La paye curieuse où
il raconte ce blocus est citée par Josèphe (Antiquités judaïques, IX, xiv, 2).

2. Renan, Mission, p. 40.

3. Servius, ad JEncidcm, I, 422. Isidore, Oriyines, XV, xvi, 0. « Primi Pœni dicuntur
lapidibus vias slravisse. » On est tenté de croire, avec Servius, que Virgile a l'ait allusion
à ce dallage des rues de Cartilage dans ce vers où il nous peint Énée émerveillé du
premier aspect de la ville que bâtit Didon :

Miratur portas, strepituinque et strata viarum.
 
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