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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0373

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LES VILLES ET LEURS TRAVAUX HYDRAULIQUES.

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appareillée ; mais ce qu'affirme un des hommes qui ont étudié avec
le plus cle soin les restes de leur architecture, c'est qu'ils ont
obtenu le même résultat au moyen de voûtes faites d'une sorte de
béton, « de petites pierres noyées et soigneusement tassées dans
un bain de mortier à sable tamisé si fin que l'on en voit à peine le
grain, mortier dont la chaux a été produite avec la même pierre, et
auquel l'action des siècles a donné une consistance et une homo-
généité égales, voire souvent même supérieure à celle de la pierre
employée1 ».

Il est plusieurs faits qui donnent à cette hypothèse un certain degré
de vraisemblance. A Carthage, la pierre de taille que fournissaient les
carrières du voisinage était de qualité très médiocre. C'est un tuf cal-
caire qui se délite très vite à l'air et à la pluie. Pour lui donner plus
de résistance, on étendait une couche de goudron sur les faces des édi-
fices en grands matériaux qui se trouvaient le plus exposées au vent de
mer2; mais cet enduit devait revenir assez cher. Le désir de s'épargner
des frais et de la peine dut conduire à faire usage de la conslruction
compacte. Les Carthaginois ont employé le pisé; au premier siècle de
notre ère, en Afrique et en Espagne, on montrait les restes de bâlisses
en terre comprimée, retranchements et tours de garde 3. Les Romains
n'y reconnaissaient pas leur propre ouvrage, et, dans ces contrées, le
seul peuple constructeur qui ait précédé les Romains, c'est le peuple
phénicien. La tradition populaire ne s'y trompait pas ; en Espagne elle
attachait le nom d'Annibal à certains de ces ouvrages, où elle voyait
les postes d'observation [speculsé) jadis dressés par le fameux capi-
taine sur le sommet des montagnes.

Le témoignage de Pline est formel ; le cloute ne peut porter que sur
un point. Ces ouvrages qui défiaient les siècles, était-ce simplement
de la terre tassée dans un moule? N'était-ce pas plutôt du béton ou du
blocage, c'est-à-dire un appareil dont le fond était formé par un mor-
tier de chaux et de sable ? Il est certain que, même en Syrie, les Phé-
niciens se sont servis du béton pour donner une base solide aux rem-

1. D.vux, Recherches, p. 117.

2. Punk, //. JV., XXVI, 48.

3. Le passage de Pline est assez curieux pour mériter d être cité tout entier : « Quid?
Non in Africa Hispaniaque ex terra parietes, quos appellantformaceos, quoniam in forma
circumdatis utriuque duabus tabulis inferciuntur verius quam instruuntur, œvis durant,
incorrupti imbribus, ventis, ignibus, omnique cœmento firmiores? Spectat etiamnunc
spéculas Hannibalis Hispania, lerrenasque turres jugis montium impositas. » H.N.,
 
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