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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0374

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LA PHÉNICIE ET SES DÉPENDANCES.

biais à l'aide desquels ils ont élargi l'aire trop étroite de leurs cités.
A Tyr notamment, on avait créé ainsi des enrochements artificiels qui,
par leur dureté, rappellent, dit-on, ceux du môle d'Alger1. En Afrique,
MM. Tissot et Daux attribuent à la même époque les constructions,
avec voûtes en blocage, de la forteresse de Bulla Regia, dans la vallée
du Bagrada, et du port militaire d'Utique2; mais cette attribution pou-
vait être contestée, et elle l'a été. Il restait à trouver, sur un point
quelconque de l'Afrique phénicienne, ce mode de construction employé
dans un ouvrage que des signes certains permissent de revendi-
quer pour la période qui a précédé la conquête romaine ; or une décou-
verte récente a fourni la preuve que l'on avait jusqu'ici vainement
cherchée. Yoici ce que nous lisons dans un rapport du capitaine Vin-
cent, qui a été adressé, le 26 septembre 1883, à l'Académie des Inscrip-
tions. Il est daté de Bâdja, petite ville située à l'ouest de Tunis, sur
l'emplacement de l'ancienne Yaga. Cet officier y commandait une pe-
tite garnison française :

a Sur le mamelon appelé Dou-Amba, situé à 1 800 mètres de la
ville de Béja, on remarque une masse de béton rougeâtre, qui, à
certains endroits, émerge du sol. Cette maçonnerie très dure, dans
laquelle ont été jetés de gros blocs de pierre, s'étend assez loin à
droite et à gauche de la Place d'armes. En mars 1883, en pratiquant
une tranchée pour la construction d'un canal destiné à l'écoulement
des eaux, les ouvriers mirent à jour un caveau voûté qui renfermait des
ossements humains, une lampe et une urne funéraire. »

Cette découverte donna l'éveil; on pratiqua de nombreux sondages,
et cent vingt tombeaux furent ouverts. A en juger par les figures qui
accompagnent cette relation, ils ont tous à peu près une même forme,
qui rappelle en gros celle d'une botte. On pénètre clans la chambre par
un puits rectangulaire, dont les parois sont maçonnées en forts moel-
lons. Les puits sont, à leur orifice, larges de 50 à 75 centimètres; ils
ont une profondeur qui varie de lm,50 à 3 mètres et, clans leur partie
inférieure, ils se confondent avec la chambre où ils donnent accès.
Celle-ci, « taillée clans la maçonnerie en béton, » ressemble à une sorte
de poche, qui le plus souvent offre, dans une coupe longitudinale,

1. Renan. Mission, p. 560.

2. Ch. Tissot, le Bassin du Bagrada et la voie romaine de Carthage à Hippone par Bulla
Regia, p. 37 {Mémoires présentés par divers savants à l'Académie des Inscriptions, 1881,
in-4°). Daux, Recherches sur les emporta phéniciens. Étude sur la ville d'Utique et ses
environs.
 
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