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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0409

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LES PORTS. 399

disposition, et, la retrouvant h Utique, nous sommes fondés à penser
que Carthage, la ville neuve, n'avait fait qu'emprunter cette ordon-
nance à son aînée, Utique, qui comptait déjà plusieurs siècles de vie
et de prospérité quand Carthage commença de grandir. Les Phéni-
ciens n'ignoraient pas le principe de la voûte ; malgré leurs préfé-
rences pour le grand appareil, ils ont aussi, dans certains cas, fait
usage de la construction compacte ; soit en Syrie, soit en Afrique
et en Espagne, ils ont bâti des digues sous-marines en béton et des
ouvrages de défense en pisé ; ils ont creusé quelquefois leurs tombes
dans des massifs de blocage ; il n'y a donc rien qui nous empêche
d'admettre qu'ils aient eu, en Afrique, tout un système d'architecture
qui reposait sur l'emploi du blocage et de la voûte faite en matériaux
compacts. Nous inclinons donc à penser qu'il convient de recon-
naître dans les ruines décrites par Daux les restes d'un édifice phé-
nicien qui remonte à une assez haute antiquité. Certaines parties
de cet édifice paraissent avoir été remaniées à l'époque romaine ;
les terrasses ont été réparées; quelques arcs ont été refaits en cla-
veaux de pierre de taille ; mais ces retouches partielles n'ont rien
changé au caractère générai du bâtiment; elles n'ont eu pour objet
que d'en prévenir la destruction. Pendant tout le temps que dura la
paix romaine, il en dut être du vieil édifice phénicien comme il en
est aujourd'hui de plus d'un de nos donjons du moyen âge ; le palais
amiral n'avait plus de rôle à jouer dans ce port que ne menaçait aucun
ennemi ; si on l'entretint, ce fut pour l'employer comme prison ou
comme magasin.

Les renseignements que nous avons pu réunir sur le cothon de Car-
thage et sur celui d'Utique suffisent à faire comprendre quelle impor-
tance les cités phéniciennes avaient attachéeàla création de leurs ports
et quelles ingénieuses combinaisons leurs architectes avaient adoptées
pour tirer le meilleur parti de l'espace disponible. On avait senti de
bonne heure la nécessité de séparer le port marchand et le port mili-
taire ; le premier devait rester ouvert, pour que les capitaines de
navire pussent, à toute heure du jour ou de la nuit, profiter des sautes
de vent et des brises favorables. Il n'en était pas tout à fait de même
du port militaire ; là tout était subordonné aux nécessités de la
défense, et la préoccupation dominante, c'était de mettre et de tenir
les bâtiments de guerre à l'abri de toute agression et même de toute
curiosité indiscrète. L'ennemi, ce n'était pas seulement celui qui
attaquait par force et de front; c'était encore l'espion avisé, qui
 
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