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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0410

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LA PHENICIE ET SES DEPENDANCE

ferait, d'un coup d'œil, le compte des navires encore sur les chantiers
cl de ceux tout prêts à prendre la mer; c'était l'ouvrier étranger, le
forgeron, le charpentier, le calfat italien ou grec. Qu'on le laissât se
glisser et fureter dans l'arsenal, qu'il pût voir travailler, bientôl il
aurait deviné les procédés et les tours de main, tout le fin du métier.

En matière d'industrie, de commerce et de navigation, les Phéni-
ciens prétendirent toujours au monopole ; un des moyens sur lesquels
ils comptèrent le plus pour se l'assurer, ce fut le secret, le secret de
leurs opérations et de leurs pratiques, gardé avec jalousie et impi-
toyablement défendu. Rien n'était plus conforme à l'esprit de toute
leur conduite que le principe de ces ports dont Cartilage et Utique
nous ont fourni des exemples. Si on les creusait daus l'intérieur des
terres, ce n'était pas seulement pour suppléer à l'insuftisance des
havres; c'était encore, c'était surtout pour les tenir, si l'on peut ainsi
parler, fermés sous une double clef, couverts par une double cein-
ture de murs. L'enceinte de la cité les enveloppait d'un premier
rempart ; puis le port avait sa muraille propre, qui en faisait comme
une ville séparée, dont le palais amiral était la citadelle. Celle ville
avait ses portes, ses portes d'eau et ses portes de terre; ni bateau ni
piéton ne franchissaient ces entrées sans avoir, comme nous dirions,
donné le mol d'ordre. La Cartilage des temps modernes, Venise, avait
pris, dans son célèbre arsenal, des précautions du même genre, aussi
minutieuses et aussi sévères.

Si les Phéniciens avaient entrepris de pareils travaux pour pro-
téger leurs ports contre toute violence hostile et contre l'imporlunilé
de louf regard curieux, ils n'avaient pas fait de moindres efforts pour
garantir aux bâtiments un mouillage sûr et tranquille. A Ruad, à
Saïda et à Sour, on distingue les restes des anciens môles et on voit
comment avaient été complétées, avec de grands blocs encaslrés daus
le rocher, les chaînes de récifs qui formaient les ports 1 ; mais c'est
surtout en Afrique que certains de ces ouvrages se laissent encore
reconnaître à de beaux débris. Ainsi, à Utique, il y a, dans le marais,
des traces d'un môle puissant, à angles courbes, qui séparait de la
mer le port militaire. Hadrumète (Sousa) et Thapsus [Dimas) ont
des restes plus considérables de leurs jetées antiques 2. Le môle de
Thapsus a encore 259 mètres de long (fi g; 275). Sa largeur actuelle,
diminuée de tout ce que l'effort des vagues a pu lui enlever depuis

1. Renan, Mission, pp. 40 et 362, pl. 67 el 68.

2. Baux, Recherches, pp. 169-171.
 
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