Perrot, Georges; Chipiez, Charles: Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre (Paris, 1885)

410 LA PHENIGIE ET SES DEPENDANCES.

attendu le sixième et peut-être le cinquième siècle pour aller le cher-
cher dans les îles de la mer Egée. Cette idée et ce désir ne lui vinrent
que très tard, quand il fut ébloui par le prestige toujours croissant
de Fart grec. Jusqu'alors il s'était contenté des roches, tendres ou
dures, mais toujours médiocres d'aspect et de qualité, que lui four-
nissait le sol de la Syrie. En même temps, comme les maîtres orientaux
dont il était l'élève, il employait, pour les figures de petite dimension,
le bronze et les autres métaux, l'argile peinte ou émaillée, l'ivoire et
sans doute aussi le bois. Aucune de ces matières ne résiste à l'outil
et ne refuse de se laisser revêtir d'une formé expressive et noble ; il
n'en faut pas plus au génie plastique pour faire preuve de sa vigueur
native et de son originalité, là où l'esprit de l'homme trouve un vif
plaisir à étudier la vie sous ses aspects divers et s'exerce à la rendre
avec une naïve et loyale sincérité. En a-t-il été ainsi en Phénicie? Nous
ne saurions le dire avant d'avoir passé en revue les monuments que
leur provenance ou que les caractères du style nous autorisent à
regarder comme phéniciens. Le nombre en est assez restreint; nous
ne craindrons donc pas de reproduire presque tous les fragments de
statues et de bas-reliefs en pierre que nous aurons trouvés dans les
musées de l'Europe et dans les collections privées, dans celles du
moins où nous aurons pu puiser librement. Quant aux figurines en terre
cuile, il nous faudra faire un choix; nous essayerons pourtant de
n'omettre aucun des types de quelque intérêt ; nous tiendrons même à
noter et à figurer, autant que possible, les variétés principales que
présente chacun de ces types.

S "2. — l10 s figures de divinités

Au début de cette enquête, il convient d'abord de mettre à part un
certain nombre de monuments qui ont été trouvés sur le sol de la
Phénicie, mais qui paraissent de provenance étrangère. On peut citer
tel morceau de sculpture qu'il y a lieu de croire, comme le sarcophage
d'Echmounazar, importé d'Egypte. C'est le cas pour un fragment de
basalte vert où tout, la matière même et l'inscription qui y est gravée,
est purement égyptien. On y distingue la mention du « temple de la
déesse Bubaslis, déesse de la vie des deux régions »i. Il semble

I. Renan, Mission, p. ofi.