Perrot, Georges; Chipiez, Charles: Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre (Paris, 1885)

LES FIGURES DE DIVINITÉS. 4*25

retrouvé plusieurs à Gypre1, Les mieux conservés de ces fragments
sont aujourd'hui à Paris, dans la collection de M. Louis de Clercq ;
il y a une cinquantaine de têtes et seulement trois torses, dont un seul
a gardé la tête sur les épaules. Or on reconnaît dans ce dernier un
Hercule coiffé de la peau de lion, et cette figure, que nous aurions été
heureux de reproduire, appartient déjà au temps où les sculpteurs phé-
niciens s'inspirent des modèles grecs 5.

Les artistes phéniciens ont souvent figuré leurs divinités assises
sur d'amples trônes, dans une attitude de re-
cueillement et de gravité tranquille. Nous avons
cru reconnaître une déesse, peut-être Astarté,
clans une statuette qui provient d'Amrit (fîg. 20).
Une autre terre cuite, trouvée à Cornus, en
Sardaigne, nous offre le même type (fîg. 299) ;
la seule différence, c'est que, dans ce dernier
monument, les deux mains sont posées sur les
genoux et que, par suite, la colombe fait
défaut; donc plus d'attribut qui caractérise le
personnage.

Quelquefois, pour donner au dieu plus de
majesté, on faisait entrer dans la composition
de ces trônes le bélier, le lion ou le sphinx ;
le corps et la tête de ces animaux venaient
former comme les bras du fauteuil. On a déjà 299.-Ten-e cuite de Cornus.

J Hauteur, 0m,185. Musée

rencontré deux fois, dans ces pages, Baal- de Cagliari. Dessin de Wallet.

Hammon assis entre ses deux béliers (fîg. 25 cl

140). Le Louvre possède plusieurs figures en pierre calcaire, provenant
de Cypre, qui reproduisent ce même type. Ailleurs c'est le sphinx qui
paraît aux deux côtés du trône ; il en est ainsi dans une statuette
qui a été découverte en Sicile, h Solunte, cette cité phénicienne
où ont été retrouvés d'autres objets d'un style franchement oriental

1. Sur cette trouvaille, voir deux lettres de Gaillardot et Peretié, dans la Mission dé
Phénicie, pp. 850 et 851.

2. Nous sommes reconnaissants à M. Louis de Clercq de nous avoir montré son admi-
rable cabinet; tout en regrettant qu'il ne nous ait pas permis, comme l'ont fait MM. Piot
et Gréau, de mettre sous les yeux de nos lecteurs quelques-uns des monuments qu'il
possède, nous comprenons qu'il ait voulu se réserver l'honneur de les présenter lui-même
au public; mais il serait désirable que la publication de tant de pièces curieuses ne se fit
pas trop longtemps attendre. Ce qui fait le prix et l'honneur d'une collection, ce sont les
services qu'elle rend à la science et les documents qu'elle fournit à l'historien.

tome in. oi