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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0445

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LES FIGURES ICONIQUES. 435

sur la réponse qu'il convient de faire à cette question. Toutes les têtes
qui appartiennent à une même époque se ressemblent; il n'y a entre
elles d'autres différences que celles qui tiennent au sexe, à l'âge et au
costume. Dans telle série, c'est le type assyrien ou égyptien qui domine ;
dans telle autre, ce sera le type grec; mais nulle part on ne sent le
moindre effort pour saisir et pour marquer les traits particuliers qui,
dans une même ville et à un même moment, distinguaient les individus
et permettaient de mettre un nom sur chaque visage. Il a suffi à Fart
phénicien de figurer, d'une manière générale, une femme, un jeune
homme, un vieillard; le sculpteur n'a compté, pour expliquer sa pen-
sée, que sur la présence ou l'absence de la barbe, sur l'arrangement
de la coiffure et du costume ; il s'est contenté de varier ces données
suivant que la mode du vêtement avait changé, suivant aussi que pré-
dominait telle ou telle des influences que cet art a successivement
subies.

Veut-on s'en convaincre, il suffit de se rappeler, outre les figures
que nous venons d'étudier ici, la suite des sarcophages anthropoïdes
que nous avons mis sous les yeux du lecteur en traitant du mobilier
funéraire (fig. 124, 126, 127, 128, 129, 130, 133 et 134). Si les Phéni-
ciens avaient eu le moindre goût pour le portrait, c'était là ou jamais
l'occasion de s'y essayer; on sait quel parti l'Egypte a tiré de ces effi-
gies du mort qu'elle enfermait dans la tombe. Or, pour peu que l'on ail
passé quelques instants, au Louvre, dans la salle qui renferme une dou-
zaine de ces caisses de marbre, on n'aura pas un instant d'hésitation.
Les ouvriers, plus ou moins habiles, qui ont ciselé ces têtes, n'ont cer-
tainement pas eu la pensée de copier, avec leurs singularités, les traits
de tel ou tel de leurs compatriotes. Ces monuments sont de la période
que l'on peut appeler gréco-phénicienne ; ils reproduisent tous le même
type, bien plus grec que sémitique, et, dans celui même où le mort,
par je ne sais quelle fantaisie, a été coiffé à l'égyptienne, le profil
offre les lignes d'une statue hellénique. On ne saurait trouver une preuve
plus frappante du caractère abstrait et purement conventionnel que
garde toujours, chez les Phéniciens, la représentation de la figure
humaine.
 
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