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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0464

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454 LA PHÉNICIE ET SES DÉPENDANCES.

Les Carthaginois, quand ils commencèrent à battre monnaie,
firent donc graver par des artistes grecs les coins de leurs pièces
(fig. 11, 12, 253). De toutes les villes qu'ils prirent au cours de leurs
longues guerres de Sicile, leurs généraux rapportèrent des statues
grecques qui vinrent orner les places publiques et les temples de
Garthage. Scipion Émilien, après sa victoire, invita les cités sici-
liennes qui avaient été jadis ainsi dépouillées à venir reconnaître les
œuvres d'art qui leur avaient appartenu1. Quand chacune d'elles eut
ainsi repris son bien, il restait encore assez de statues pour que le
vainqueur en ait beaucoup emporté à Rome ; le peuple les vit défiler
sous ses yeux dans la pompe du triomphe africain 2.

Parmi ces ouvrages grecs qui de Carthage furent ainsi transportés
à Rome, il en était dont les anciens maîtres ne s'étaient pas retrouvés
ou n'avaient pas fait valoir leurs titres en temps utile ; d'autres avaient
été commandés par les Carthaginois eux-mêmes à des artistes grecs.
Ainsi Diodore de Sicile raconte que, lorsque les Carthaginois, en 396,
pendant leur guerre avec Denys l'aîné, mirent le siège devant Syra-
cuse, ils pénétrèrent, sous la conduite de Himilcon, dans le faubourg
d'Achradine et profanèrent les temples de Déméter et de Perséphoné.
L'armée des Carthaginois ayant été ensuite frappée de la peste et
affligée d'autres désastres, le sénat de Carthage vit là un châtiment
de l'impiété dont Himilcon s'était rendu coupable et voulut se concilier
le pardon et la bienveillance des déesses offensées. On leur éleva donc
des statues à Carthage aux frais du public; on institua en leur honneur
des sacrifices solennels suivant les rites grecs, et on leur consacra des
prêtres choisis parmi les plus notables des Grecs établis à Carthage3.
Ces statues de divinités grecques, dont le culte est confié à des prêtres
grecs, ne peuvent avoir été que des images toutes grecques de style
et d'attributs. A ce propos, il importe de signaler un monument
curieux qui, rapporté de Carthage par un consul italien, appartient
aujourd'hui au Musée de Turin ; c'est un curieux exemple de ces
ouvrages qu'un Carthaginois commandait à un artiste grec (fig. 326).
Dans un édicule formé de deux colonnes doriques qui soutiennent un
fronton triangulaire, une déesse est debout; c'est une de celles dont

1. Appijsn, VIII, 123.

2. Id., VIII, 130.

3. Diodore, XIV, 03 et 77. On a voul u douter de ce fait (Davis, Carthage aud its remains,
p. 194); mais il n'y a aucune raison sérieuse de révoquer en doute le témoignage de
l'historien.
 
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