Perrot, Georges; Chipiez, Charles: Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre (Paris, 1885)

470 LA PHÉNIGIE ET SES DÉPENDANCES.

pas modifier ici la simplicité tout égyptienne de l'enveloppe. S'il y a
quelques retouches, destinées à accentuer les traits trop indécis du
visage ou à dessiner des ornements, c'est au pinceau qu'elles sont
faites, avec la couleur rouge ou noire. La mollesse du travail laisse
pourtant subsister dans l'ensemble un caractère de distinction, éloigné
de la rudesse primitive : on y devine la contrefaçon d'un art plus
parfait. La proportion de la face en particulier, les yeux longs et droits,
un grand nez mince d'une faible saillie, la bouche et le menton petits
par rapport au large développement des traits supérieurs se rattachent

aux types élégants qu'a mis à la mode l'art des
dynasties saïtes1. »

Ce groupe, que l'onaproposé d'appelerpseudo*
égyptien, est formé exclusivement par les variétés
d'un même type; ce sont des statuettes de femme,
assises sur des trônes à dossier; l'imperfection du
moule donne d'ailleurs des formes générales telle-
ment vagues, que l'on doute au premier aspect si
les figures sont assises ou debout. Toutes ces
femmes ont pour caractère distinctif la coiffure à
l'égyptienne (fig. 143 et 144)2. Seulement cette
coiffure, un peu modifiée, s'élargit et se relève
Q,Q „. , en deux masses au-dessus des tempes, par une

343. — ï iii'Ui'ine eu terre v ' x

cuite. Hauteur, 0",i4. affectation d'un goût local, dont le point de départ
Heuzey, tTTl fi» 4 se retrouve néanmoins dans quelques petites

figures égyptiennes. Un excellent échantillon de ce
style, c'est une figurine, malheureusement brisée, qui représente une
femme frappant de la main droite un tympanon. L'épreuve, assez bien
venue, laisse voir le type légèrement maniéré qui est particulier à ce
groupe. Les yeux longs et horizontaux, le nez mince et très légère-
ment arqué, occupent la plus grande partie du visage, dont l'ovale
élargi se raccorde à un menton fin et peu saillant; la bouche est
remarquablement petite (fig. 343).

Cette série n'est d'ailleurs pas seule à représenter, en Phénicic,
l'influence de l'art égyptien. On n'a pas oublié la jolie statuette, trouvée
en Sardaignc, qui, par sa silhouette et par l'arrangement de la coiffure,
rappelle si fort les figurines funéraires des nécropoles de l'Egypte

1. Heuzey, Catalogue, pp. G9-70.

2. Ibidem, nos 192 à 195 et, dans l'atlas intitulé les Figurines antiques du Musée du
Louvre, pl. VI.