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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0494

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484 LA PHÉNIGIE ET SES DÉPENDANCES.

qui viennent encore de temps en temps modérer les ardeurs du soleil.
En juin, les plaies cessent, et Ton est parfois plus de quatre mois sans
voir tomber une seule goutte d'eau. Les chaleurs sont alors écrasantes,
surtout dans la grande plaine centrale, où les brises de mer, arrêtées
par la barrière des montagnes, ne font pas pénétrer leur souffle rafraî-
chissant1. Il fait, assure-t-on, malgré la différence de latitude, plus
chaud l'été dans la Mesoria que dans la Basse Égypte, à Nicosie qu'au
Caire. La chaleur est tempérée, dans la vallée du Nil, par l'abondante
évaporation qui se produit à la surface du grand fleuve et par le cou-
rant d'air qui règne entre ses berges. Ici rien de pareil : le vent du Nord
même, quand il a passé sur les arides plateaux de l'Asie. Mineure, arrive
sec et brûlant; les vents de l'est et du sud ne se sont pas moins échauf-
fés en courant sur les déserts de la Syrie et sur ceux de l'Afrique. C'est
donc, presque consomment, sous une haleine embrasée comme la
vapeur qui sort de la bouche d'un four, une sécheresse affreuse. Plus
d'eau dans le lit des rivières; les sources sont taries; hors dans le fond
de quelques vallées étroites où se maintient un peu d'humidité, toutes
les plantes herbacées ont jauni et se sont fanées. Beaucoup d'arbres
même penchent languissamment le bout de leurs rameaux flétris et
laissent tomber leurs feuilles roussies. Hommes, animaux, végétaux,
tout ce qui vit meurt de soif ; on ne fait plus d'affaires que le matin et
le soir. Pendant la journée, on dort d'un lourd sommeil. La nature
entière attend, haletante et triste, le premier nuage d'automne, les pre-
mières gouttes de pluie.

Dans les beaux temps de l'île, ces chaleurs écrasantes devaient
être tempérées, jusqu'à un certain point, par l'effet de deux causes dont
l'action ne s'exerce plus aujourd'hui avec la même force, par une irri-
gation savante et par la bienfaisante influence de vastes forêts. Celles-ci
couvraient la surface de l'île, partout où le sol n'était point cultivé en
céréales, en jardins et en vergers; elles retenaient les eaux sur les
pentes qui depuis lors se sont dénudées et comme écorchées; elles
réussissaient à défendre plus longtemps ruisseaux et rivières contre les
ardeurs de ce redoutable soleil qui les boit à longs traits, qui les épuise
si vite jusqu'à la dernière goutte, depuis que le cours n'en est plus
protégé par un épais rideau de feuillage. Tous les textes anciens s'ac-
cordent à nous représenter l'île comme merveilleusement boisée2.
Il ne reste presque plus rien de ces richesses forestières; ici,

1. Martial parle de « Infamem nimio calore Gyprum » (ix, 92).

2. Strabon, XVI, vi, 5. Théophraste, Histoire des Plantes, v, 8.
 
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