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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0497

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LA SITUATION, LE SOL ET LE CLIMAT DE L'ILE. 487

gouvernement et de ravages incessants, c'est la richesse et la beauté
des plantes et des arbustes que le sol y produit sans culture. Tous les
voyageurs qui l'ont visitée au printemps s'accordent à dire que nulle
part, dans le bassin de la Méditerranée, la terre ne se couvre et ne se
colore de fleurs plus brillantes et plus variées, l'air ne se remplit de
plus pénétrantes senteurs. Dès la fin de février, ce sont les violettes, ce
sont surtout les anémones, si petites et si blafardes dans nos bois,
là-bas, par millions, aussi grandes, aussi splendides, aussi diverses de
nuances que celles qui sont cultivées dans nos jardins; plus tard, c'est
toute l'éblouissante tribu des liliacées, chère aux poètes de la Grèce,
l'hyacinthe, le narcisse et le crocus, différentes espèces de tulipes. Les
buissons n'ont pas une moins élégante parure; c'est l'agnus-castus
avec ses grappes d'un bleu pâle, c'est le myrte avec ses bouquets blancs
et parfumés qu'encadre un charmant feuillage, c'est l'arbousier dont
le fruit mûr a tout l'éclat d'une fleur rouge. N'oublions pas la rose, née,
disait la légende, tout près de là, sur la côte syrienne, de la terre
qu'avait baignée le sang d'Adonis. Aphrodite avait amené dans File la
fleur qui lui était chère ; les roses de Cypre étaient célèbres chez les
anciens. Aujourd'hui encore, tandis que les charmants boutons de
l'églantier décorent les broussailles et qu'ils répandent dans la campagne
leur fine et légère odeur, les plus belles variétés de la rose cultivée
s'épanouissent dans les jardins des riches musulmans, grands amateurs
d'horticulture. On comprend que les Grecs aient appelé Cypre l'île qui
sent bon (eùw&oç). C'était là, disait Homère, que les Grâces oignaient d'une
huile embaumée les membres de leur divine maîtresse, c'est là qu'elles-
mêmes trempaient leurs vêtements dans les vapeurs odorantes qui
s'exhalaient de toutes ces corolles ouvertes par le printemps1.

L'île possédait plusieurs plantes d'où l'on tirait des produits qui
faisaient l'objet d'un fructueux commerce d'exportation. L'une d'elles
paraît avoir donné à l'île le nom qu'elle porte encore aujourd'hui, après
une si longue suite de siècles : c'est l'arbuste que les Phéniciens et les
Hébreux appelaient kopher, mot d'où les Grecs ont peut-être tiré celui
de kypros, formé des mêmes éléments2. On est d'accord pour y recon-
naître, d'après les descriptions que nous en donnent Dioscoride et
Pline, la plante qui est appelée par les Arabes el hanna ou, comme

1. Odyssée, VIII, 362-366.

2. On peut se demander si cette identité du nom de Ja plante et du nom du cuivre ne
provient pas de ce fait que le principe colorant qui se tire des feuilles du lawsonia alba
donne à la peau une teinte cuivrée. Le henné a-t-il été connu avant le cuivre, ou le cui-
vre avant le henné, c'est une question qu'il parait difficile de résoudre.
 
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