Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0506

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
496

LA PHÉNIGIE ET SES DÉPENDANCES.

ou aspirées, ne s'adaptait que très imparfaitement à la prononciation
de leur idiome.

Ce système de signes, qui comprend environ cinquante-cinq carac-
tères, à quel peuple les Grecs cypriotes Font-ils emprunté? Quand ils
ont voulu écrire le dialecte éolien, qui paraît avoir été parlé dans toute
la partie grecque de l'île, ont-ils tiré des syllabaires cunéiformes les
caractères qu'ils ont adoptés? Ou bien, comme d'autres savants incli-
nent maintenant à le croire, les ont-ils demandés à l'écriture des Hit-
tites? Ce n'est pas ici qu'il convient de traiter une question aussi déli-
cate et qui ne pourrait être résolue que par toute une suite de rappro-
chements minutieux et délicats ; il semble résulter de certains indices
que l'alphabet qui s'est conservé àCypre a été inventé en Asie Mineure,
où l'emploi en aurait précédé de plusieurs siècles celui de l'alphabet
phénicien. De courtes inscriptions, écrites avec ces mêmes caractères,
ont été retrouvées jusqu'en Troade , parmi les ruines Hissarlik, et elles
appartiennent certainement à des temps bien plus reculés que les plus
anciennes inscriptions cypriotes connues. Dans toute la péninsule, ce
système très imparfait fut abandonné, dès le neuvième ou le huitième
siècle, pour l'alphabet phénicien ; il ne survécut qu'à Cypre. Quelles que
soient les raisons de cette persistance singulière, il est curieux de
constater que les derniers Grecs qui aient adopté l'alphabet phénicien
soient ceux-là mêmes qui ont vécu le plus près des cités phéniciennes,
en contact perpétuel avec des hommes de cette race. Comme on l'a
très justement remarqué, « ce fait suffirait à prouver que les Grecs
cypriotes, doués d'un certain esprit d'isolement et d'indépendance, se
sont moins laissé entamer qu'on ne l'avait cru tout d'abord par l'as-
cendant des Phéniciens, auxquels ils étaient mêlés et qui occupaient
de longue date plusieurs positions importantes sur la côte de l'île1 ».

Lorsque commencèrent d'arriver les troupes de colons grecs, les
Phéniciens tentèrent-ils de repousser par la force cette sorte d'inva-
sion? L'histoire est muette à ce sujet. Les vagues traditions qui sont
arrivées jusqu'à nous témoigneraient plutôt de relations amicales,
bientôt établies entre les anciens et les nouveaux colons. Les Phéni-
ciens n'étaient pas assez nombreux pour prétendre peupler les terri-
toires où ils prenaient pied ; tout ce qu'ils voulaient, c'était s'assurer le
privilège d'exploiter les richesses naturelles des contrées où ils abor-
daient et de fournir seuls aux besoins des hommes qui les habitaient. A

i. Heuzey, Catalogue, p. H4.
 
Annotationen