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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0508

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LA PHÉNIGIE ET SES DÉPENDANCES.

derniers, surtout Rition, restèrent phéniciens jusqu'aux temps où,
après les victoires macédoniennes, tout l'Orient sembla se fondre et
s'absorber dans l'hellénisme.

Salamine, au contraire, demeura toujours une ville purement
grecque. On n'y a pas recueilli une seule inscription phénicienne et
les fouilles n'y ont pas fait rencontrer ces vieilles poteries, d'un goût
si particulier et si bizarre, dans lesquelles on reconnaît les produits
d'une fabrication toute phénicienne. A Kition, cette poterie se ren-
contre encore dans des sépultures dont la date est donnée par des
lampes et des monnaies romaines; certains ateliers y étaient restés,
alors même, fidèles à l'antique tradition. Ce que l'on a trouvé de plus
ancien à Salamine rappelle le style de Mycènes, et encore ces objets
sont-ils en petit nombre ; on y suivit de bien plus près qu'ailleurs les
progrès du goût et de l'art hellénique. Tous ceux qui ont fait des
fouilles dans le territoire de la capitale d'Evagoras ont été frappés de
celte différence ou plutôt de ce contraste1.

Nous savons, par les inscriptions et les monnaies, les noms de
plusieurs rois qui ont régné à Gypre pendant le quatrième siècle,
Asbaal, Baal-Mélek, Baal-Ram, et enfin Poumiaton, sans doute le
Pymatos qui, selon les historiens grecs, fut déposé par Alexandre2.

Un lien fédératif rattacha-t-illes unes aux autres les cités cypriotes?
Nous ne savous. Toujours est-il que les anciens chronographes placent
au neuvième siècle ce qu'ils appellent la thalassocratie cypriote, c'est-
à-dire une période de trente-trois ans pendant laquelle les Grecs de
Cypre auraient été, par leur marine, maîtres de la mer Égée et de la
mer syrienne3. Il serait puéril de prendre ce chiffre trop au sérieux;
mais tout au moins témoigne-t-il du souvenir persistant qu'avaient
laissé le prompt développement et la suprématie momentanée des Grecs
cypriotes. Comme artisans et comme agriculteurs, ceux-ci avaient
bientôt rivalisé avec les Phéniciens, leurs voisins et leurs maîtres ; les
Grecs n'ont jamais été de ceux auxquels il faut enseigner deux fois les
choses. En même temps que dans les villes on travaillait la pierre
et l'argile, le bois et le métal, l'ivoire, le verre et les gemmes, hors de
leurs murs on poursuivait en tous sens le défrichement déjà commencé

1. M. OiixEFALscH-RicnTER, Von den neusten Ausgrabungen in der Cyprischen Salamis
(Mittheilungen des deutschen Instituts in Athen, 1881, pp. 191-208 et 244-255).

2. De Vogué, Mémoires sur les inscriptions phéniciennes de Vile de Cypre, p. 24. Mon-
naies des rois phéniciens de Citium dans les Mélanges d'archéologie orientale.

3. Eusèbe, Chronique, p. 321 de la traduction arménienne publiée par Aucher à Venise
en 1818, 1 vol. in-4°, d'après un texte perdu de Diodore.
 
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