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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0510

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LA PHÉNIGIE ET SES DÉPENDANCES.

très jaloux de leur indépendance. A peine, pendant une longue suite
d'années, tentèrent-ils deux fois un sérieux effort pour la reconquérir
et la défendre ; encore toutes les villes de l'île ne surent-elles jamais
se réunir dans une action commune contre le maître étranger. Ce
maître changea d'ailleurs souveut de nom ; ce fut, de tout temps, le
souverain auquel se trouvait alors appartenir la Syrie. Le Grec cypriote
n'éprouvait pas, dans l'intérieur de la cité, cette haine du pouvoir d'un
seul, cette passion pour le gouvernement républicain, aristocratique
ou démocratique, qui partout ailleurs a distingué la race à laquelle il
appartenait; il a toujours accepté sans résistance le pouvoir monar-
chique. De même encore il se résigna bien plus facilement que le Grec
des autres îles ou que celui de l'Asie Mineure à se voir compris dans
quelque grand empire oriental, pourvu que celui-ci, comme c'était le
cas d'ordinaire, ne lui demandât guère autre chose que le concours de
ses navires en cas de guerre, et le paiement du tribut consenti, soit en
nature, soit en argent. Aujourd'hui, de tous les Grecs d'Orient, les
Grecs de Cypre sont ceux que la grande idée, comme on dit à Athènes,
a laissés le plus indifférents, ceux qui semblent le plus étrangers aux
aspirations panhelléniqucs. Jamais ils n'ont donné aux Turcs le
moindre embarras ; en 1823, ils ont vu massacrer leurs évêques et
leurs primats sans essayer la moindre résistance, et, depuis lors,
tandis que la Crète, par exemple, ne cessait de frémir et de s'agiter,
ils ont toujours payé avec une docilité que rien ne lassait les lourds
impôts dont ils étaient chargés. Les Anglais n'ont point à craindre de
leur part, au moins d'ici à bien longtemps, cette hostilité et ces pro-
testations qui ont persisté clans les îles Ioniennes jusqu'à ce que l'An-
gleterre les eut réunies au royaume de Grèce.

Cette obéissance facile et résignée, bien d'autres l'ont obtenue des
Cypriotes avant les Turcs et les Anglais. Pendant le cours des huitième
et septième siècles avant notre ère, suivant les destinées de la Syrie,
Cypre fut rattachée, par un lien de dépendance plus ou moins étroit,
à l'empire ninivile. Les historiens grecs n'avaient pas conservé le
souvenir de cet assujettissement; Cypre, pour les temps reculés, est
presque en dehors de leur champ de vision; mais les prophètes hébreux
nous en avertissaient, au moins par voie d'allusion, et le fait de cette
conquête a été mis hors de doute par des découvertes récentes. Sur
l'emplacement même de Kition, en 1846, on a retrouvé une stèle en
calcaire de l'île qui représente Sargon, le fondateur du palais de
Khorsabad ; cette stèle, maintenant au Musée de Berlin, porte, avec
 
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