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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0515

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RESUME DE L'HISTOIRE DE GYPRE. 505

deux courants, de deux familles ennemies et pourtant inséparables.
Elle a servi de boulevard et de poste avancé tantôt aux Phéniciens et
aux grandes monarchies asiatiques contre les Grecs, tantôt aux nations
occidentales contre les Orientaux, aux Grecs, et plus tard aux cheva-
liers francs contre les Phéniciens, les Perses, les Arabes et les Turcs.
Alors même qu'elle jouait ce dernier rôle, elle était trop voisine de la
Syrie pour n'en pas subir l'influence. Toute guerre comporte des
trêves; quand elle dure longtemps, elle établit entre les belligérants,
par la force des choses, des relations qui les amènent à se faire
beaucoup d'emprunts réciproques. Le commerce de Cypre avec la
terre ferme restait toujours actif; celui des deux éternels adversaires
qui se trouvait dépossédé pour le moment réussissait encore à garder
un pied dans l'île et à y faire sentir son action.

Ces relations et ces emprunts, on en relève partout la trace clans
l'histoire de l'agriculture, de l'industrie et du commerce de Cypre; l'île
a dû à chacune des dominations qui s'y sont succédé la conquête de
quelque nouveau végétal, dont s'emparaient aussitôt ses artisans et ses
trafiquants pour le mettre en œuvre et en faire la matière d'un négoce
qui les enrichissait; c'est ainsi que pendant le cours du moyen âge on
y a successivement naturalisé le mûrier avec le ver à soie, la canne à
sucre et l'arbre à coton. Pour la période antique, il a fallu souvent
recourir à la conjecture, quand il s'est agi d'établir le bilan de chacun
de ses possesseurs successifs; mais nous sommes mieux renseignés
pour les temps modernes, ce qui nous aide à comprendre comment
les choses se sont passées à une autre époque. Cypre a été pour
l'Europe une sorte de grand jardin d'acclimatation ; c'est là que pour
la première fois Grecs et Francs ont introduit et cultivé certaines
plantes de l'Arabie et de la Perse, de l'Inde et de l'Egypte, qu'ils en
ont étudié les mœurs, qu'ils en ont modifié les conditions d'existence
pour les accoutumer à un milieu quelque peu différent de celui de leur
patrie d'origine. Elles ont réussi, elles se sont plu dans cette station
intermédiaire, heureusement choisie; de là, plus tard, elles ont été
portées en Grèce et en Italie, dans la France méridionale et en
Espagne, dans les îles Canaries et en Amérique. C'est à Cypre que les
Portugais sont venus chercher les premiers ceps de vigne qui aient
été plantés à Madère.

Dans l'histoire des végétaux utiles à l'homme et de leurs migrations,
Cypre a donc sa place et sa page marquée ; mais ce ne sont pas là les
seuls germes que Cypre ait reçus pour les transmettre, ce ne sont pas

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