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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0518

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508

LA PHENIGIE ET SES DEPENDANCES.

n'en étaient pas moins les fils de la race qui a goûté le plus vivement
et le mieux rendu la beauté de la forme vivante ; cette disposition était
au nombre des aptitudes, déjà fixées par l'hérédité, qu'ils avaient
apportées sur ces rivages.

Sans doute l'île était bien éloignée des grands foyers où s'est allumée
et où a brûlé le plus vive la flamme sacrée du génie créateur; mais
cependant, malgré la distance, les Grecs cypriotes sont restés en rela-
tion avec leurs compatriotes de l'Ionie et de PHellade. Ces rapports
n'ont pas été très actifs ni très étroits, en comparaison de ceux qui
unissaient Corinthe, Ghalcis ou Athènes avec les côtes de l'Asie Mi-
neure et les îles de la mer Égée; ils ont suffi néanmoins pour empêcher
que les facultés natives, communes à tous les hommes de cette famille,
s'oblitérassent tout à fait chez les colons éoliens ; ils les ont entrete-
nues, provoquées à s'exercer, et développées clans une certaine mesure.
Les sculpteurs des grandes écoles grecques ne paraissent pas avoir
fréquenté Gypre, et la leçon de leurs exemples ne s'y est fait sentir que
bien tard et très faiblement ; mais, à défaut de Fart, il y a eu la poésie.
Celle-ci, plus mobile et volant de bouche en bouche, était venue de bonne
heure éveiller et remuer ces esprits. Déjà les colons, lorsqu'ils débar-
quèrent sur les plages de Cypre, possédaient leur part d'un riche trésor
de mythes, création libre et spontanée du génie national. Lorsque les
aèdes ioniens commencèrent à mettre en œuvre celte riche matière,
lorsqu'ils célébrèrent, en hexamètres sonores, les divinités qu'ils ado-
raient ainsi que les exploits de leurs princes, l'écho de ces chants re-
tentit jusqu'à Cypre; à la cour des rois de Salamine, de Curion et de
Soli on répéta les vers d'Homère et de bien d'autres poètes dont le
nom même a péri. Grâce à ces récits épiques, on connut à Cypre aussi
bien qu'ailleurs les aventures que l'imagination des conteurs prêtait
aux dieux et aux héros; celles d'Hercule, par exemple, de Persée et
d'autres fils de Zeus, racontées parles poètes, furent figurées par les
sculpteurs. Ainsi s'explique un fait qui a pu surprendre tout d'abord,
quand sont sortis des fouilles quelques-uns des plus curieux monuments
qu'elles aient produits : dans des ouvrages où le style et où certains
types offrent encore la vive empreinte du goût oriental, on rencontre
des données qui ne s'expliquent que par des légendes grecques, et cela
dans la partie de l'île où devait dominer l'influence phénicienne, à
Idalie et dans les environs, comme aussi dans la nécropole d'Amathonte.
Tout en travaillant pour des rois d'origine sémitique et pour des
temples où les croyances et les rites avaient une couleur syrienne très
 
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