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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0519

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LES CONDITIONS ET LES MATÉRIAUX.

509

marquée, les artistes, quelle que fût leur origine, ont été trop heureux
de puiser dans l'inépuisable répertoire que la poésie grecque mettait à
leur disposition ; ils y trouvaient une variété de personnages et de thèmes
que ne leur aurait certainement pas fournie la mythologie phénicienne.
Dans celle-ci, le premier fond des croyances polythéistes, qui est
presque le même chez tous les peuples anciens, n'avait pas été élaboré
et diversifié par la puissance inventive du génie poétique; les dieux y
étaient en petit nombre et médiocrement définis; ils n'y avaient pas ou
presque pas d'histoire. Ce fut donc pour l'art, à Gypre, un grand avan-
tage que la juxtaposition et le mélange des deux races; le sculpteur y
gagna d'éviter cette monotonie et cette sécheresse qui nous ont frappés
dans les stèles votives de Carthage, sur tous ces monuments où l'image
divine, cessant de prétendre à l'imitation de la forme vivante, en vient
par degrés à ne plus être qu'un diagramme et qu'un symbole, une sorte
d'hiéroglyphe tracé par la main d'un géomètre.

Dans l'île de Cypre, grâce à la prédominance de l'élément hellé-
nique, l'art ne risquait pas d'aboutir à cet appauvrissement et à cette
impuissance plastique ; ce qui concourut encore à en favoriser le déve-
loppement et à lui donner tout au moins une fécondité remarquable,
ce fut la nature même de la pierre qui s'offrait au ciseau du sculpteur.
Par sa composition chimique, cette roche est différente de l'albâtre
assyrien; mais elle a, pour l'artiste qui la taille, les mêmes défauts et
les mêmes qualités : si elle ne lui garantit pas la durée de son œuvre,
elle lui rend le travail facile et rapide ; elle l'encourage à beaucoup
produire.

Gypre n'a pas une seule carrière de marbre ; aussi les monuments de
marbre y sont-ils fort rares. Ceux que l'on y a recueillis, en très petit
nombre, doivent être pour la plupart d'importation étrangère ; ils appar-
tiennent au temps où commençait k s'effacer l'originalité de la civili-
sation cypriote et ne se rattachent, ni parle sujet ni par le style, aux
traditions de la religion locale et aux procédésdes sculpteurs indigènes '.
Ceux-ci, depuis les temps les plus anciens jusqu'aux derniers jours du
monde antique, n'ont guère taillé que la roche friable qu'ils avaient
partout sous la main. C'est un calcaire tendre, d'un grain homogène et
assez fin, qui forme le corps même de presque toutes les montagnes de

1. Ainsi M. Reinach, dans son Catalogue du musée impérial d'antiquités de Constanli-
nople (in-8°, 1882), cite, comme trouvée à Cypre, une tête de marbre qui a tout à l'ait le
caractère d'une tête grecque archaïque (n° 301). Elle doit avoir été sculptée en Grèce ou
en Asie Mineure.
 
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