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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0520

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510

LA PHÉNICIE Eï SES DÉPENDANCES.

l'île. Cette pierre est blanchâtre au sortir de la carrière; mais elle
prend, par une longue exposition à l'air, un ton d'un gris jaune qui,
tout en demeurant un peu terne, n'est pas désagréable à l'œil. L'ongle
la raie ; le ciseau l'entame donc avec bien plus d'aisance et de rapidité
que le marbre ; mais, dans le domaine de la plastique comme dans celui
des lettres et de la poésie, ce qui n'a pas coûté grand'peine n'a guère
chance de durer. Ce tuf poreux est trop mou pour fournir les effets et
les contrastes que le marbre donne comme de lui-même ; il ne saurait
recevoir ce beau poli qui s'oppose si bien aux ombres noires des par-
ties fouillées par le ciseau. Celui-ci, malgré ses recherches et son
application laborieuse, ne saurait mettre ici ces accents vigoureux et
francs qui dessinent la charpente osseuse, qui font saillir les muscles
et les veines sous l'épiderme des statues grecques. Le travail est tout à
la fois minutieux et lâché ; il manque de largeur et de fermeté. D'ail-
leurs la pierre, trop peu résistante, le conserve mal; ce que l'on a pu
y mettre de finesses et de touches un peu vives, elle le perd aisément
par les intempéries et par le frottement. Quelques-unes des figures
déterrées à Athiénau par M. de Cesnola se sont trouvées dans des con-
ditions toutes particulières ; de l'abri d'un temple couvert, elles ont
passé sans transition à celui d'une couche protectrice de poussière
durcie et partout adhérente à leur surface ; comme la statue connue
sous le nom de Prêtre à la colombe, elles ont ainsi gardé une rare
fraîcheur et sont encore à fleur de ciseau (fi g. 349) \ Sauf ces exceptions,
les figures cypriotes ont leurs arêtes arrondies et leurs saillies atté-
nuées. Voyez cette curieuse suite de têtes, provenant surtout des
fouilles de M. de Vogué, que possède le Musée du Louvre ; presque
toutes présentent la même apparence d'usure et de fatigue. C'est un
peu l'aspect d'une page d'écriture où l'encre, avant d'avoir eu le temps
de sécher en conservant son éclat, a été absorbée par le papier buvard
et n'a laissé que des traces faibles et pâles.

1. Deux lettres cypriotes sont gravées sur l'épaule gauche. Cette figure est une de celli-s
dont la restauration a été le plus vivement contestée. Il a été démontré d'une manière
générale, par un long et public débat, où toutes les allégations ont pu se produire libre-
ment, combien étaient injustes les violentes attaques qui ont été dirigées, pendant plu-
sieurs années, contre M. de Cesnola et contre sa collection; nous ferons d'ailleurs remarquer,
pour ce qui concerne particulièrement cette figure, qu'elle a été vue, à Cypre même, peu
de temps après sa découverte, chez son propriétaire, par G. Colonna-Ceccaldi. Trouvée en
mars 1870, elle était décrite et représentée par Ceccaldi, telle que le Musée de New-York
la possède aujourd'hui, dans un mémoire qui est daté du 22 novembre 1871, et Ceccaldi
l'avait admirée et étudiée dès le mois de mai 1870. {Monuments antiques de Cypre, pp. 35,
39-40).
 
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