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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0532

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522

LA PHÉNICIE ET SES DÉPENDANCES.

Ce qui résulte de celte comparaison, c'est que les sculpteurs
cypriotes n'ont pas eu sous les yeux les œuvres mêmes des maîtres
assyriens. S'ils en avaient subi directement l'influence, ils auraient élé
plus subjugués et dominés par l'originalité de cet art puissant, et ils
se seraient tenus bien plus près du modèle. Ils ne l'ont au contraire
suivi que comme à distance; ce qu'ils lui ont pris, c'est moins sa
manière de voir et de rendre la nature que certains détails de coiffure
et d'ajustement. Pour que l'imilation soit ainsi restée toute partielle,
pour qu'elle ne se soit pas étendue jusqu'aux caractères mêmes du
style, il faut qu'entre l'Assyrie et Cypre il y ait eu un intermédiaire ; or
ce tiers interposé, nous n'avons pas à le chercher bien loin : ce ne peut
être que l'art phénicien. Celui-ci ne s'est-il pas, à un certain moment,
inspiré du goût et des modes qui régnaient dans ce grand empire mili-
taire auquel la Phénicie se trouvait rattachée par ]a conquête, par un
contact obligatoire et journalier ? D'Arad et de Gebal, de Sidon et de
Tyr, on a porté à Kition, à Paphos et à Amathonte les figurines où
barbe et cheveux étaient frisés à l'assyrienne, où le vêtement, comme
dans la vallée de l'Euphrate, cachait le corps tout entier, et, dans
les ateliers de l'île, on a copié ces copies. A Cypre, le style assy-
rien n'a donc guère été connu et étudié qu'à travers une première
traduction, qui déjà n'était elle-même qu'à demi fidèle ; on comprend
que, dans de telles conditions, il n'y ait exercé qu'une faible action sur
la marche et sur le développement de l'art.

Si, à Cypre comme en Phénicie, les emprunts faits à l'Assyrie n'ont
porté que sur ce qu'on peut appeler les parties secondaires et les acces-
soires de la figure, c'est que l'éducation de l'art phénicien, et, par
lui, de l'art cypriote, s'était faite à une autre école. Le premier peuple
civilisé qui ail eu d'étroits rapports avec la Syrie, c'est le peuple
égyptien; la première industrie dont les produits aient été placés au
dehors par les courtiers sidoniens et contrefaits dans ses ateliers, c'est
l'industrie de la vallée du Nil. Alors même qu'un changement de for-
tune enlevait la suprématie aux successeurs dégénérés des Ramsès et
livrait aux Sargonides foute la Syrie, les effets de ces anciennes et
intimes relations avec l'Egypte subsistaient encore; ils se perpétuaient
grâce à un commerce qui ne s'interrompit jamais et grâce à l'empire
de l'habitude. S'il en fut ainsi dans cette Phénicie, que traversèrent
en tous sens, pendant plus de deux siècles, les conquérants ninivites,
à plus forte raison Cypre, grâce à sa situation insulaire, dut-elle être
encore moins atteinte par l'influence assyrienne et n'en éprouver que
 
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