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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0566

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LA PHÉNIGIE ET SES DEPENDANCES.

elle a dégrafé et ouvert sa robe sur la poitrine, et, de sa main gauche,
elle s'applique sur le sein droit un cône qui est peut-être un symbole
phallique *.

On a voulu retrouver aussi, en Phénicie et à Cypre, le type de la
fameuse Aphrodite de Guide, ou, comme on l'appelle d'ordinaire, de
la Vénus pudique; on a même prétendu pouvoir dire par suite de
quelles circonstances l'attention de Praxitèle aurait été appelée sur
un motif dont le génie grec ne se serait emparé que pour en changer
profondément le caractère 2.

Le thème prête à des réflexions ingénieuses ; mais nous craignons
que l'on ne se soit trop hâté; il faudrait d'abord être sûr de l'âge des
figurines asiatiques ou cypriotes que l'on allègue pour justifier cette
comparaison.

Parmi les maquettes avec lesquelles s'ouvre la série des terres
cuites cypriotes, il y en a bien quelques-unes qu'un observateur dis-
trait et superficiel pourrait, à première vue, songer à rapprocher de
l'Aphrodite enidienne. Telle est, par exemple, une statuette qu'a fournie
la nécropole d'Amathonte 3 ; mais, si on l'examine avec quelque soin,
on s'aperçoit tout d'abord que le mouvement des bras n'est point ici
du tout le même que dans la Vénus pudique. La main gauche presse le
sein du même côté, tandis que la main droite est posée sur le ventre,
qui est large et ballonné. Tout ce que l'on peut reconnaître ici, c'est
une allusion à l'enfantement prochain; la figurine représente encore
une déesse de la fécondité.

On a d'ailleurs signalé des images où la ressemblance est plus
étroite, où le geste est bien le même que dans le chef-d'œuvre de
l'art grec. Il en est une, au Louvre, qu'un des maîtres de l'archéologie
contemporaine a publiée et décrite sous ce titre : Le prototype phéni-
cien de la Vénus de Médicis 4. M. Curtius a été trompé par des rensei-
gnements incomplets. L'inventaire du musée n'indique pas la prove-
nance de cette statuette (fig. 381), et l'on n'a aucune raison de croire

1. Je ne sais si la figure à laquelle je fais ici allusion est au musée de New-York ou
dans quelque autre collection; c'est entre les mains de G. Colonna Ceccaldi que j'en avais
vu le dessin, qui n'a pas été reproduit, avec d'autres dessins inédits trouvés parmi ses
papiers, dans le volume où ses articles ont été recueillis.

2. Fr. Lenormant, Essai sur les fragments cosmogoniques de Bérose, pp. I6O-I60.

3. Cesnola, Cyprus, p. 275. Le bois que contient l'ouvrage de Cesnolaestsi confus, que
nous n'avons pas osé le reproduire, même à titre de document.

4. « Bas Phœnikische Urbild der Mediceischen Venus », article d'E. Curtius dans VAr-
chxologische Zeitung, 1869, p. 63.
 
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