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Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 3): Phénice - Cypre — Paris, 1885

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https://doi.org/10.11588/diglit.11735#0568

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LA PHÉNIGIE ET SES DÉPENDANCES.

l'arrangement dé la coiffure ; mais remarquez le mouvement des bras
et l'élégance un peu grêle des formes minces et allongées que présen-
tent le torse et les membres; on y devine partout l'influence d'un art
très libre, qui ne peut être que celui de la Grèce. Ce n'est plus cet an-
cien style égypto-phénicien dont nous avons donné plusieurs exemples
et où l'on sent partout comme une sorte d'hésitation de la main (fîg.143,
144, 343) ; ici, quoique la figure soit estampée sur un fond débordant,
à revers plat, elle se détache très nettement de ce fond. Les difficultés
techniques n'arrêtent plus l'artiste; ce qui lui manque, c'est l'accent
et l'originalité ; il a cette adresse banale qui est la marque et le défaut
des siècles où l'on sait beaucoup et où l'on n'invente plus. Cette figu-
rine n'est sans doute pas antérieure au temps des Ptolémées ; peut-
être même est-elle encore plus récente.

Conclurons-nous de ces observations qu'il faille voir dans ces
deux figurines des filles dégénérées de l'Aphrodite cnidienne ?
A peine exposée aux regards dans un temple très fréquenté, la statue
de Praxitèle eut un succès prodigieux, qu'elle dut tout ensemble
à l'originalité de sa donnée et à la beauté de ses formes ; comme
le prouvent les répliques si nombreuses que nous en possédons,
elle fut copiée, elle fut plus ou moins librement imitée, en marbre
et en argile, dans tous les ateliers de l'Asie Mineure, de la Grèce
et de l'Italie; l'image en fut ainsi portée jusqu'aux dernières limites
du monde civilisé. Dans de telles conditions, y aurait-il lieu de
s'étonner qu'à Cypre on ait déguisé sous une coiffure égyptienne la
déesse grecque, et que plus tard l'art lourd et grossier d'une époque
de décadence, dans la lointaine Babylonie, l'ait encore plus cruelle-
ment défigurée? Cette hypothèse n'a rien qui choque la vraisemblance;
mais, pour être plus sûr de cette filiation, il convient d'attendre de
nouvelles découvertes, qui permettront de suivre ce type dans les
transformations que lui auraient fait subir, pour l'adapter à leurs
habitudes, les écoles qui gardaient encore quelque chose des tradi-
tions du vieil art oriental. En attendant, parmi les figurines de style
asiatique qui, prétend-on, auraient suggéré à Praxitèle l'idée de la
pose que nous connaissons par la Vénus du Capitole et par la Vénus
de Médicis, il n'en est pas une dont on puisse affirmer qu'elle est cer-
tainement antérieure au quatrième siècle; au contraire, les indices
que nous avons signalés semblent donner à l'archéologue le droit
d'assigner à ces statuettes une date sensiblement postérieure. Nous
ne saurions assurer que ce soient des imitations de l'Aphrodite de
 
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